Elle opère dans l’impunité en France : la police politique marocaine use de méthodes de baltaguia
Par Sadek Sahraoui − Les services spéciaux marocains sont en terrain conquis en France où ils peuvent empêcher à tout moment le déroulement d’une rencontre sur la liberté de la presse au Maroc et faire tabasser par des baltaguia des militants des droits de l’homme sans que personne n’y trouve à redire. Mieux, la police politique marocaine bénéficie de la complicité des autorités françaises. Ainsi, vendredi à Paris, l’Association marocaine de défense des droits de l’Homme (ASDHOM) a vu sa conférence-débat sur la liberté de la presse au Maroc perturbée par des barbouzes envoyés par le Makhzen qui s’en sont pris aux intervenants et au public.
Cette conférence-débat, rapporte le site Mediapart, devait être animée par Khadija Radi, militante et lauréate de nombreux prix internationaux reconnaissant ses combats, Hicham Mansouri, journaliste d’investigation en exil depuis son arrestation pour avoir formé des jeunes stagiaires aux technologies du reportage, et Hassan Zerrouki, journaliste à l’Humanité.
Les organisateurs, précise le site électronique français, «ont affronté la descente d’une quinzaine de baltaguias, hordes de brutes payées pour casser et dont une majorité vit dans les obscurités de toute sorte de trafics protégés et manipulés par les services consulaires et de renseignement marocains à l’étranger, dédiés aux basses œuvres contre les démocrates marocains en Europe». «Chaises jetées, personnes poussées, un blessé léger. Ils ont saboté le réseau électrique et jeté des boules puantes avant de partir et de l’arrivée de la police française», ajoute la même source, qui qualifie cette violence de «barbouzerie idiote qui revient aux méthodes de l’Egypte de Moubarak (…) qui a fait à elle seule la démonstration presque mieux que ce qu’auraient pu faire les témoignages des intervenants, du niveau du débat et de l’état des libertés au Maroc» .
Les défenseurs marocains des droits de l’homme explique que l’acharnement mis pour empêcher la rencontre de l’ASDHOM marque «un retour en force aux sinistres années de plomb est des hordes des amicales rayées de la carte dans un combat acharné des démocrates marocains » et rappelle que «le Makhzen déteste la critique». «Le Makhzen, fragilisé par les hirak du Rif, Jerda, Zagora et l’altération de son image à l’étranger renforce son approche sécuritaire multiformes», ajoute Mediapart, qui s’interroge pourquoi la police française était absente des parages et pour quelle raison aucune interpellation de ces casseurs n’a eu lieu…
S. S.
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