Marches à travers le pays : ceux qui espéraient un vendredi noir frustrés
Par Karim B. – Les marches organisées dans la capitale se déroulent dans un calme relatif. Sur la place du 1er-Mai, plusieurs centaines de citoyens se sont rassemblés et ont marché le long de la rue Hassiba Ben Bouali avant de se disperser sans incident notable, à l’instar de plusieurs dizaines d’autres rassemblés devant le palais du gouvernement. A la Grande-Poste, des heurts sans gravité sont signalés au moment où nous rédigeons ces lignes. Les forces de l’ordre ont dû faire usage de canons à eau et de bombes lacrymogènes pour empêcher les protestataires de marcher sur El-Mouradia, siège de la Présidence.
Les citoyens ont répondu à l’appel à des marches dans une dizaine d’autres wilayas, dont Béjaïa, Oran, Sétif, Mostaganem, Constantine, Ouargla, Annaba, Tébessa et Khenchela.
«Dirigée» par les démocrates, la marche d’Alger n’a pas été suivie par les islamistes comme cela avait été prévu, vu le choix du jour et de l’heure de la manifestation, soit à la sortie de la prière du vendredi. On s’interroge, à cet effet, sur les dessous de ce choix par ceux qui, à travers les réseaux sociaux, avaient appelé à occuper la rue pour dénoncer ce qu’ils qualifient de «mascarade électorale» après l’annonce du président Bouteflika de se porter candidat à sa propre succession en dépit de sa maladie.
La présence de membres du mouvement Mouwatana qui semble avoir «pris les commandes» de la manifestation bien qu’il n’en soit pas l’initiateur, suscite des interrogations sur l’objectif de cette organisation qui semble ainsi vouloir pactiser avec les extrémistes du FIS dissous dont ils escomptaient une forte mobilisation. Par ailleurs, l’absence des islamistes à la manifestation est, elle aussi, sujette à de nombreuses interrogations, en ce sens que l’un des agitateurs les plus actifs sur les réseaux sociaux, en l’occurrence l’ancien numéro deux du FIS dissous, a multiplié les apparitions sur la Toile ces derniers jours pour ressasser son discours éculé.
Les islamistes n’ont-ils pas voulu s’afficher avec des «laïcs» refusant de leur servir d’alibi ou ont-ils préféré ne pas se montrer par crainte de voir leur image de «puissants mobilisateurs de la rue» écornée, au vu de l’indifférence affichée par la majorité des fidèles à ces appels à manifester ?
Quoi qu’il en soit, le bain de sang n’a pas eu lieu, au grand dam de ceux qui espéraient un vendredi noir pour mettre en œuvre leur diabolique plan de destruction de l’Algérie.
K. B.
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