Les islamistes expliquent pourquoi ils ne prennent pas part au manifestations
Par R. Mahmoudi – Le scénario rappelle, toute proportion gardée, l’attitude des Frères musulmans égyptiens au début des contestations en Egypte, en 2011, préférant rester à l’écart et attendre le moment propice pour faire irruption et récupérer le mouvement qui les portera ensuite au pouvoir. Les islamistes algériens font tout pour ne pas se mêler directement et massivement aux manifestants et donner l’image de politiques respectueux de la légalité, mais tout en encourageant le mouvement à se poursuivre jusqu’à la satisfaction de ses revendications, c’est-à-dire, à vrai dire, jusqu’à l’annulation des élections du 18 avril prochain.
C’est à ce jeu trouble que s’applique le chef du MSP, lui-même candidat à ce scrutin. Dans une déclaration postée, mardi, sur son compte Twitter, Abderrazak Mokri se dit, lui et son parti, ciblés par une campagne acharnée sur les réseaux sociaux – à travers notamment des comptes «usurpés» parlant en son nom – visant à les impliquer dans des «stratégies de pourrissement contre les contestations populaires pacifiques». Mokri dément ainsi avoir appelé d’un «vendredi de la colère», comme le laissent entendre ces «faux messages», et nie toute volonté de conduire le mouvement. Ce message s’adresse indirectement au pouvoir pour anticiper toute réaction musclée des autorités en cas de dérapages graves.
Or, si la menace que représente la manipulation sur les réseaux sociaux à laquelle fait référence Mokri est réelle, il n’en demeure pas moins que son parti et lui-même ne s’offusquent guère de se prêter à un jeu tout aussi trouble, en appelant à la poursuite des actions de rue dont il sait qu’elles peuvent rester sans risques.
Cela dit, aux yeux de l’opinion publique, le MSP doit rester au diapason de la colère populaire. C’est ce qu’a réaffirmé son bureau exécutif, réuni mardi à Alger, dans un communiqué ayant sanctionné ses travaux. Entre autres résolutions adoptées, le parti de Mokri salue «la contestation pacifique et civique de l’ensemble des segments de la société pour s’opposer au cinquième mandat», tout en insistant sur l’impératif de poursuivre «la résistance pacifique par tous les moyens afin d’imposer la politique du fait accompli» (sic), et de «déjouer tous les plans visant à alimenter les tensions dans le dessein de faire capoter la protestation citoyenne légitime».
Dans le même temps, le MSP appelle le pouvoir en place à se plier aux revendications des manifestants, en «renonçant au cinquième mandat», seul moyen, selon ce parti, pour éviter au pays une «dérive dangereuse».
R. M.
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