Contribution – Lettre d’un Franco-Algérien libre : l’Algérie ne brûlera pas !
La douleur algérienne me touche profondément, n’en déplaise aux colons et à leurs supplétifs. Une souffrance partagée par un grand nombre d’Algériens nullement indifférents au sort de leur pays d’origine, d’autant plus concerné que natif de ce pays, je suis naturellement imbibé d’une double culture qui constitue ma richesse d’aujourd’hui.
Ma plume n’est pas labellisée, à l’instar de ceux qui se sont fait une spécialité de la flagellation du peuple algérien. Loin des prudences et des calculs politiciens, je proclame haut et fort mon attachement à cette nation qui a donné naissance à des révolutionnaires hors normes, bouleversant par leur combat les plans des criminels du calibre de ceux qui ont torturé et assassiné tous les Maurice Audin.
C’est grâce à ces femmes et ces hommes dévoués, grand(E)s comme le ciel, que je peux aujourd’hui écrire, lire et penser jamais en position couchée. Je leur dois cette reconnaissance. Ils m’ont débarrassé du statut d’indigène, sans quoi je serais peut-être encore en train de planter des arbres pour des maîtres coloniaux.
Dois-je trahir la mémoire ? Dois-je trahir les engagements ? Dois-je longer les murs et attendre que cela se passe ? Notamment face à des reptiles avides de pouvoir et de dollars, à des vampires avides de sang et des charognards embusqués à tous les coins de rue ?
J’ai décidé de sortir de mon silence et de protester contre le brouillard politique organisé contre le peuple algérien. Un brouillard nullement fortuit. Il est d’abord le fruit de la mise à l’écart de la matière grise – des intellectuels, des militants sincères – parallèlement à l’ouverture de l’espace démocratique à la bêtise, à la haine et aux apprentis sorciers vecteurs de la décadence, voire de plans diaboliques. Faut-il s’étonner alors que des aventuriers nihilistes – des Daech multiformes – se donnent rendez-vous en Algérie ?
J’accuse ces dirigeants algériens qui, sous des prétextes irrecevables, ont condamné des centaines de milliers de cadres, détenteurs du savoir grâce à l’école algérienne, à s’expatrier pour servir les intérêts des pays riches.
L’Algérie a perdu des milliers, voire des centaines de milliers de cadres qui font le bonheur des entreprises européennes et américaines. C’est une hémorragie qu’il faut soigner avec la plus grande attention car il s’agit d’une énergie renouvelable, pas comme le pétrole et le gaz tant convoités par les requins.
J’accuse cette opposition qui ne fait que s’opposer et qui n’a que peu à proposer. Elle est gagnée par le germe du «contre» et de la tribalisation. Lorsque je lis et j’entends Aït Larbi, directeur de campagne du candidat à la présidentielle Ali Ghediri, s’engager dans un style messianique dans la régionalisation du pays, je me dis que le ver est dans le fruit. Va-t-il s’engouffrer, avec ses supporters, dans la «balkanisation douce» du pays ?
Certains commencent à faire allusion à la Yougoslavie.
J’accuse ces apprentis sorciers, les extrémistes de tous bords, les islamistes, les berbéristes, les tribalistes, les régionalistes, les islamophobes, les complotistes de nourrir la haine de l’autre, en construisant des murs entre les citoyens innocents, pour entraîner la population dans l’abîme. Comme si les malheurs infligés aux familles séparément dans la décennie 1990-2000 ne suffisaient plus, alors, ils se sont rassemblés, la main dans la main, dans leur stratégie tribale pour un baroud d’honneur, dans l’espoir de battre cette fois-ci des records de tragédies.
J’accuse ces informateurs qui se font passer pour des journalistes, et leurs employeurs, ces pseudo-intellectuels gavés de capital, ces défenseurs de l’ordre idéologique néocolonial, ces civilisateurs qui stigmatisent et nourrissent les fantasmes les plus éculés des populations issues des ex-colonies, de vouloir entraîner et canaliser les foules vers des sentiers ornés d’embuscades mortifères.
J’accuse tous ces animateurs de rue, ces comédiens de mauvais goût, ces clowns qui se proclament candidats pour ne représenter que les intérêts de groupes occultes, aux dépens du peuple et des citoyens.
Des individus sans programmes, sans équipes de campagne, sans propositions, sans idées mais avec des bobines de billets de banque, outillés juste d’un smartphone font des shows publics en face de citoyens qui les applaudissent. Un vrai cirque politique. Ce Rachid Nekkaz – qui a souhaité me rencontrer ce jour d’été 2007, dans un café en région parisienne, avec son ami Hassen, pour m’entraîner, sans succès, dans son ex-nouveau parti politique – passe en Algérie des jours heureux dans son rôle d’animateur-manipulateur.
L’homme aux 156 voix (0,56%) aux élections législatives de 2007, en Seine Saint Denis, et à 0 voix à l’élection législative partielle qui a eu lieu dans la 3e circonscription de Lot-et-Garonne en juin 2013, qui semble remplir son rôle, m’avait glissé que le droit des peuples, notamment palestinien, à l’autodétermination ne faisaient pas partie de ses préoccupations politiques.
Avec son camarade Hassen, ils se sont vautrés en me racontant l’entourloupe qu’il venait d’infliger à Dominique de Villepin, alors Premier ministre. Combien d’entourloupes a-t-il organisées en Algérie ? Je ne parlerais pas de ses récidives et de ses multiples condamnations par la justice en France pour ses logements insalubres loués au peuple d’en bas, pour corruption passive et autres…
J’accuse ces politiques et les médias de France et d’ailleurs, lesquels, sous couvert de solidarité avec le peuple algérien – oubliant au passage les crimes coloniaux, la déportation, les camps, les enfumades, les essais nucléaires, les guillotinés, le 17 octobre 1961, le 8 mai 1945 contre ce même peuple –, incitent à la guerre civile en espérant à voix basse que les cris des rues d’Alger étouffent ceux des Gilets jaunes de Paris.
Je laisserai aux experts autoproclamés de la concurrence des mémoires et de la répression faire, comme toujours, le comptage – des arrestations, des éborgnés, des blessés, des victimes, des condamnations – dont ils sont spécialistes. J’observe qu’ils reprennent en chœur le bras d’honneur de Gérard Longuet au lieu d’avoir le courage de construire des ponts de fraternité entre les deux peuples, basés sur la reconnaissance des tragédies coloniales et leurs conséquences.
Je n’appartiens ni aux courants majoritaires ni aux courants minoritaires, et encore moins aux reptiliens qui commercent les idéologies du chaos. Ils se reconnaîtront certainement. Je revendique mon appartenance à celles et à ceux qui sont restés fidèles aux idéaux de justice et de liberté, des vrais, et pas ceux des smartphones, des salons parisiens, de Londres, de Genève et des rédactions qui font couler l’encre néocoloniale. Je ne mange dans aucune gamelle, en dehors de celle du droit et de la justice.
Comme à cette occasion je me suis fait beaucoup d’ami(e)s, que je ne serai jamais invité par leurs médias de propagande démocratique et je ne veux être ni un héros ni une victime, je voudrais rester anonyme.
Un Franco-Algérien libre
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