Un haut diplomate français sur l’Algérie : «Ni ingérence ni indifférence»
Par R. Mahmoudi – Le silence officiel du gouvernement français sur les événements qui ébranlent l’Algérie depuis deux semaines traduit un sentiment de gène qu’explique le double discours, empreint de paternalisme, qu’a toujours pratiqué Paris dans ses relations avec la rive sud de la Méditerranée.
Cette politique vis-à-vis de la crise algérienne est résumée par un haut diplomate au quotidien Le Figaro : «Ni ingérence ni indifférence. La voie de notre expression est très étroite. Nous sommes sur un chemin de crête.»
Le quotidien de droite estime, dans le même article consacré à ces événements, que «si Paris garde en façade un silence prudent face à la crise politique qui frappe l’Algérie, elle s’active frénétiquement en coulisses, suivant heure par heure une situation qui, si elle dégénère, pourrait fortement impacter la France».
L’auteur de l’article ajoutera un plus loin : «Plus encore que le Rwanda, l’Algérie ne souffre, dans sa relation avec la France, aucun écart, fût-il verbal. Depuis le début de la contestation anti-Bouteflika, Paris marche donc sur des œufs, craignant la moindre fissure.» Et d’expliquer qu’en raison de «l’extrême sensibilité» de la relation franco-algérienne et des nombreux contentieux qui opposent toujours Paris à son ancienne colonie, «toute prise de position publique en faveur du réveil de la société civile serait interprétée par le régime comme une tentative malvenue d’interférer dans la politique intérieure du pays».
Dans le même sillage, le journaliste juge que le silence du gouvernement français «pourrait être assimilé à un soutien au régime et au statu quo», qui risque de lui valoir des critiques. Pourtant, Paris avait déjà réagi, mercredi dernier, aux premières manifestations en Algérie, en appelant, par la voix du porte-parole du gouvernement à une élection «transparente». «On a pris note de la décision du président Bouteflika de se porter candidat à l’élection présidentielle», a-t-il déclaré, avant d’ajouter : «C’est au peuple algérien, et à lui seul, qu’il revient de choisir ses dirigeants et son avenir, et cela dans la paix et la sécurité», soulignant que l’Algérie était un «pays ami» et un «partenaire important».
R. M.
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