Bouteflika, Toufik, ANP, manifestations : ce qu’a écrit un journal israélien
Par R. Mahmoudi – Le journal israélien Haaretz a écrit que les manifestations populaires qu’ont connues la capitale algérienne et de nombreuses autres villes du pays au cours des trois dernières semaines «soulèvent naturellement la question de savoir si l’Etat, qui avait réussi à échapper aux insurrections du printemps arabe de 2011, n’est pas au bord d’une révolution».
Le quotidien hébreu estime que même malade et amoindri, Bouteflika pourrait remporter les élections et poursuivre son mandat tant qu’il jouit du soutien de l’armée, des services de sécurité et du «cartel financier». «La santé et l’âge du Président l’obligeraient normalement à se retirer mais les hommes influents dans l’armée, qui se comprennent bien et qui sympathisent avec les mouvements de protestation, ont peur de ce qui adviendra demain», explique le journal, sans s’attarder toutefois sur ce que voudrait signifier que des «hommes influents» dans l’armée aient de la «sympathie» pour les protestations.
Poursuivant son analyse, Haaretz juge que le besoin de maintenir Bouteflika pour un autre mandat constitue un «intérêt commun» entre l’armée et des pays européens, notamment la France, l’Italie et l’Espagne, «qui, écrit-il, dépendent du gaz et du pétrole provenant de l’Algérie et constituent un rempart contre l’afflux de réfugiés d’Afrique vers l’Europe», bien que ces pays, ajoute le journal, aient peu d’influence sur la politique intérieure algérienne. L’Algérie, qui combat des organisations terroristes, «constitue [aussi] une barrière contre l’infiltration d’organisations telles qu’Al-Qaïda à l’étranger».
Au plan intérieur, le journal explique, en partie, la longévité de Bouteflika à la tête de l’Etat par le fait que «les élites militaires, politiques et économiques (…) n’ont pas permis l’émergence de dirigeants pouvant assumer le rôle de chef d’Etat», dès lors qu’à chaque fois que quelqu’un commence à se distinguer se retrouve hors du cercle des décideurs. Il estime que cela été le cas du chef des services des renseignements Mohamed Mediene, «qui a été démis de ses fonctions», et de Saïd Bouteflika, le frère du Président, qui «aspirait à être président mais se retrouve rétrogradé au rang de conseiller, ce qui a fait que l’Algérie n’a pu mettre en place une alternative de pouvoir appropriée» et qu’«aucun dirigeant n’est parvenu à prendre la place de Bouteflika».
R. M.
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