Il faut choisir !
Par Saadeddine Kouidri – La mobilisation extraordinaire des Algériens entamée le vendredi 22 février contre la candidature de Bouteflika pour un cinquième mandat est un événement politique majeur. La presse algérienne, contrairement aux télévisions publique et privée, en parle justement en soulignant ce rappel de civisme et de maturité politique de notre peuple adressé aux dirigeants du pays, et à toutes celles et ceux qui avaient tendance à le mépriser jusqu’à le confondre, parfois, avec la condition physique dans laquelle se trouve le chef de l’Etat. Sous l’allure d’une grande fête populaire se dégagent deux options, celle d’occuper la rue jusqu’au départ des dirigeants et celle d’aller aux élections contre le candidat Bouteflika ou un autre candidat de ce système politique. Malin celui qui pourra affirmer quelle est la meilleure option.
On doit dire pourquoi l’une est préférable à l’autre. Si le boycott était le mot d’ordre le plus juste à ce jour, on constate que Bouteflika, qui n’était pas crédible pour le premier mandat à cause de sa longue absence du pays d’une part et, d’autre part, de son implication dans le détournement de l’argent de la caisse noire du ministère des Affaires étrangères dont il devait rendre compte auprès de la Cour des comptes. On ajoute à cela par la suite sa longue maladie, si on reste juste dans l’éthique, on constate seulement aujourd’hui que l’écrasante majorité du peuple est indignée de la perspective d’un 5e mandat.
Comme dit l’adage : il n’est jamais trop tard pour bien faire. A ce constat vient se greffer au lendemain de la convocation du corps électoral, pour le 18 avril 2019, la déclaration de la candidature à la candidature présidentielle du général à la retraite Ali Ghediri suite à plus d’une intervention dans la presse sur le sujet et que lui avait mis le vice-ministre de la Défense sur le dos.
La candidature de ce général à la retraite est perçue en premier comme une réponse offensive aux menaces proférées contre lui par le vice-ministre de la Défense et chef d’état-major suite à sa contribution sur la presse où il interpellait ce dernier, qui se proclamait garant de la Constitution à la respecter au moment où il a constaté qu’il y avait des tractations dont le but de shunter l’échéance électorale pour permettre la nomination d’un vice-ministre pour la pérennité du système.
L’autre option est de faire tomber le système exclusivement par la rue. L’absence d’une forte organisation démocratique pour gérer ce bras de fer n’existe pas, le passage par la force dans ces conditions risque de nous mener à l’impasse. Il y a celles et ceux qui invoquent ce dernier argument pour dire qu’aucune force existante n’est capable de palier la fraude de l’administration lors du vote. Oui, quand le peuple n’était pas contre le cinquième mandat. Depuis le 22 février, des millions d’Algériens le crient dans les rues de tout le pays.
Des expériences récentes dans notre environnement immédiat montrent que les forces dominantes dans le monde actuel ne sont pas favorables à la révolution, et particulièrement au Maghreb. A supposer que l’on puisse briser la résistance du pouvoir et ses suppôts de l’intérieur, islamistes et autres valets du pouvoir en perdant des plumes bien évidemment ; de l’extérieur, les Trump, Macron et autres wahhabites ne vont pas laisser passer l’occasion de tenter de nous emmurer comme des rats ou nous soumettre comme des esclaves. L’affrontement dans ce cas serait un prix à payer plus cher que celui de l’enjeu électoral.
L’enjeu majeur aujourd’hui est la stabilité du pays, avec comme premier objectif de dépasser une situation ubuesque, qui est sur le point d’être mortelle pour la République.
S. K.
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