Pourquoi les pays occidentaux sont si indécis face à la crise algérienne
Par R. Mahmoudi – Les capitales occidentales commencent peu à peu à rompre le silence qu’elles s’étaient imposé depuis le début des contestations populaires en Algérie contre le cinquième mandat mais n’arrivent pas à se déterminer clairement et franchement par rapport aux revendications de la rue, ni même, d’ailleurs, par rapport à l’engagement du président Bouteflika à briguer un nouveau mandat.
Il apparaît, néanmoins, clair que par leur indécision qui s’apparente bien à de la neutralité, ces capitales ne souhaiteraient pas rééditer le scénario des soulèvements du «printemps arabe» de 2011 lorsque le soutien hâtif et massif apporté par les trois grandes puissances occidentales, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, aux mouvements insurrectionnels en Libye, en Egypte, puis en Syrie, a fini par entraîner la région dans un engrenage infernal, avec toutes les retombées néfastes – flambées d’actes terroristes, vagues d’immigration…– sur la sécurité de ces mêmes pays occidentaux.
Paris, Bruxelles et Washington sur la même longueur d’onde
Après les réactions aussi timorées que succinctes du gouvernement français, par le biais de son porte-parole, dimanche dernier, l’intérêt des capitales occidentales s’accroît, avec trois déclarations enregistrées durant la seule journée de mardi. Il y a eu d’abord une nouvelle intervention de Paris, tout aussi prudente que la première. Ainsi, Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat auprès du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, a avoué cette position mi-figue mi-raisin, attitude «attentive», de son gouvernement. «Nous sommes effectivement, extrêmement attentifs à tout ce qui se passe en Algérie, depuis maintenant deux semaines, a-t-il déclaré à RFI, et c’est au peuple algérien souverain qui vient de s’exprimer de choisir ses dirigeants et de décider de son avenir, et d’ailleurs, ce qu’on a constaté, la jeunesse s’exprime dans le calme, et qu’on la laisse s’exprimer. Et maintenant, le processus électoral est engagé.»
Réagissant pour la première fois, l’Union européenne a appelé au «respect de la liberté d’expression et de réunion» en Algérie. «Quand on parle de manifestation, les droits de liberté d’expression et de réunion sont inscrits dans la Constitution algérienne», a déclaré Maja Kocijancic, porte-parole de la Commission européenne, lors d’un point presse à Bruxelles. «Nous attendons que ces droits puissent être exercés de façon pacifique et soient garantis dans le respect de l’Etat de droit».
Soucieux d’équilibrer son discours, Maja Kocijancic a également souligné «l’importance du partenariat entre l’UE et l’Algérie» et réaffirmé l’engagement de Bruxelles «pour continuer à approfondir nos relations dans le but de créer un espace commun de stabilité, de démocratie et de prospérité partagées».
Même ton à Washington (voir article par ailleurs) qui a appelé l’Algérie à respecter le droit de manifester. «Nous observons ces manifestations en Algérie et nous allons continuer à le faire», a dit à la presse le porte-parole de la diplomatie américaine, Robert Palladino. «Les Etats-Unis soutiennent le peuple algérien et leur droit à manifester pacifiquement», a-t-il ajouté.
R. M.
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