Le message d’une journaliste allemande amoureuse de l’Algérie aux Algériens
Par Lina S. – «Je dis aux Algériens bon courage et faites attention à la manipulation et à la récupération de la révolte par les forces intégristes et d’autres qui ne veulent pas la République, qui ne veulent pas une plus grande justice économique et sociale !» a mis en garde la journaliste et écrivaine allemande Alice Schwarzer sur France 24.
Commentant les manifestations contre le cinquième mandat, l’auteure de Ma famille algérienne, qui considère l’Algérie comme son pays de cœur, estime que les Algériens «en ont marre d’avoir peur de provoquer le chaos et de donner l’occasion aux islamistes dès qu’ils bougent». «Ils se disent tant pis, on y va, il faut que ça change !» a-t-elle affirmé, en confiant qu’elle s’attendait «à une révolte contre les élections». «La réaction de la jeunesse algérienne était quelque peu surprenante parce qu’on sentait ces dernières années une forte résignation. Et là, l’Algérie se réveille», a-t-elle expliqué, tout en mettant en avant le fait que les «manifestations en Algérie sont très familiales».
Alice Schwarzer a, par ailleurs, mis en garde contre un second «printemps arabe» qui est un «mauvais exemple». «Nous sommes conscients que les forces organisées intégristes ont manipulé la révolte. Ça, l’Algérie n’en veut plus. L’Algérie est à ce jour profondément traumatisée par les années noires», a-t-elle insisté.
La militante allemande des droits des femmes a réitéré son attachement au peuple algérien «parce que c’est un peuple très fier et très doux en même temps», a-t-elle dit.
Au sujet de la manifestation des femmes ce vendredi, Alice Schwarzer a souligné que les Algériennes «sont révoltées» mais «elles sont conscientes du danger». «Elles sont contre l’intégrisme et rêvent de la République et de la liberté, d’une égalité et d’une justice sociale et économique. Mais elles sont choquées que le pouvoir ose présenter une cinquième fois Bouteflika. Je dis ose présenter car on a du mal à croire que c’est lui-même qui décide encore», a argué la journaliste qui compte de nombreux amis en Algérie.
Elle met en avant également le refus de toute ingérence étrangère : «Les Algériens ne veulent pas d’une ingérence étrangère. Ils veulent, comme en 1962, se libérer par eux-mêmes», a-t-elle dit, en espérant que «grâce à l’expérience du peuple algérien qui a acquis son indépendance par ses propres moyens, il aura à nouveau la force de se libérer d’un régime qui n’est pas du tout une dictature, mais qui est autocrate, sclérosé et corrompu».
La journaliste allemande affirme toutefois qu’«on ne peut pas comparer [le régime algérien] aux régimes syrien et irakien. Ce n’est pas ça – tout le monde le dit – mais il faut que ça change», a-t-elle insisté.
«Il faut que l’Algérie s’ouvre car elle est trop refermée sur elle-même. Je souhaite que la France et l’Allemagne, par exemple, recommencent à s’intéresser à l’Algérie parce que c’est un pays passionnant et le peuple algérien est cultivé et bien instruit. Il faut tendre la main à l’Algérie mais ne surtout pas s’ingérer dans les affaires internes de ce pays. S’il faut y aller, c’est en touristes», a-t-elle conclu non sans humour.
L. S.
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