Malheur aux vaincus
Par Bachir Medjahed – Les révolutions dans les pays arabes ont des machines à laver pour rendre plus propre le régime qui sera remis en place. De Moubarak à Al-Sissi, deux révolutions qui sacrifient le seul Président élu issu de l’opposition authentique, c’est-à-dire islamiste. En Tunisie, le RCD de Ben Ali ne s’est pas trop éloigné. En Libye, les cendres des bombardements par la coalition n’étaient pas encore éteintes que les compagnons du déjà défunt guide Kadhafi ont créé sous drapeau de l’Otan un Conseil national de transition.
En Algérie, il s’agit d’une succession d’équipes au pouvoir pour un régime qui a pris le pouvoir en 1962 et qui arrive à sa fin sans passation pacifique avec les générations de l’indépendance. Issu lui-même d’un coup d’Etat contre le GPRA, mis au repos forcé à la mort de feu Boumediene, Bouteflika est revenu au pouvoir suprême depuis 1999. C’est le message porté par la rue et non seulement un message porté dans la rue. Les populations de jeunes, surtout, dénoncent de tels retours par la fenêtre de ceux qui sont chassés par la porte. Plus d’arnaque, disent-ils.
La société a changé. Elle n’est plus inhibée. C’est une position de veille stratégique qu’a adoptée Karim Tabou en quittant la salle de réunion de l’opposition parmi laquelle siègent trois anciens chefs de gouvernement. A-t-il eu l’impression qu’il s’est réuni avec les représentants du système ou la conviction que ceux-ci veulent lui confisquer sa légitimité d’opposant pour l’en dépouiller puis le mettre en hors-jeu ?
Lorsque les enjeux de pouvoir sont aussi importants et les tractations décisives, malheur aux vaincus et aux naïfs.
B. M.
Comment (14)