Ce que pourrait annoncer le président Bouteflika dès son retour en Algérie
Par Kamel M. – Des sources concordantes n’excluent pas des annonces importantes que le président Bouteflika s’apprêterait à faire dès son retour à Alger. Alors que des médias étrangers – suisses et saoudiens notamment – évoquaient une dégradation de l’état de santé de Bouteflika, ce dernier regagne le pays ce dimanche et dément ainsi l’information selon laquelle il lui aurait été impossible de se déplacer en avion.
Le silence pesant du président de la République face aux événements qui secouent le pays depuis l’annonce de sa décision de briguer un cinquième mandat irrite les Algériens qui se considèrent ainsi ignorés par le pouvoir dont ils dénoncent la «volonté de maintenir le statu quo» en dépit de la demande de changement exprimée avec véhémence par la rue.
Le Président s’est contenté de saluer le caractère pacifique des manifestations, tout en mettant en garde contre les tentatives de récupération du mouvement par des «forces occultes» qu’il n’a cependant pas citées. Mais il semble que Bouteflika rentre au bercail avec, dans sa valise, des décisions importantes qui devraient être annoncées sous peu.
Un changement de gouvernement paraît être une des priorités du Président qui a rappelé à ses côtés le chevronné Ramtane Lamamra en tant que ministre d’Etat conseiller à la Présidence. Une désignation provisoire qui préluderait sa nomination à la tête de l’Exécutif en remplacement d’un Ahmed Ouyahia décrié par la rue et dont le gouvernement peine à assumer ses missions normalement face à la révolte de la rue. Plusieurs ministres ont été conspués lors de visites d’inspection sur le terrain et ont dû écourter leur sortie.
Mais le chef de l’Etat est surtout attendu sur sa candidature à un cinquième mandat. Si le retrait du président sortant n’est pas acquis – Bouteflika a rarement cédé à la pression de la rue et des médias –, il n’en demeure pas moins qu’il ne peut pas demeurer sourd aux exigences de millions de citoyens qui réclament un changement de régime. Une exigence qui, paradoxalement, recoupe avec les promesses qu’il a faites s’il était élu en avril prochain et si, évidemment, la présidentielle était maintenue à la date prévue. Ce qui paraît difficile dans les circonstances actuelles.
Le président Bouteflika tient à sa conférence et il n’est pas exclu qu’il la convoque soit en reportant l’échéance électorale, soit en rapprochant la date pour tenter de calmer la rue et accélérer les réformes qu’il voulait mener avant de quitter le pouvoir et, surtout, avant que la situation dégénère. Mais il n’est pas dit que la rue l’entende de cette oreille.
K. M.
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