Cynisme ou cécité ?
Par Sadek Sahraoui – La décision, hier, du ministre de l’Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, d’avancer les vacances universitaires de dix jours est plus qu’une provocation.
Elle cache un plan bien plus inquiétant. Outre d’avoir pour objectif de casser le mouvement de protestation contre le cinquième mandat de Bouteflika, cette dangereuse manœuvre renvoie en réalité une volonté des partisans du 5e mandat de passer en force. Ils veulent coûte que coûte poursuivre un processus électoral complètement discrédité.
En se maintenant dans une logique jusqu’au-boutiste, les décideurs n’ont-ils pas saisi tout le sens du message des Algériens qui ont battu le pavé par millions vendredi dernier ? Sont-ils sourds à leur verdict sans appel ? La sortie de Tahar Hadjar révèle un très haut degré de cécité politique et de cynisme. Ce constat malheureux doit amener les Algériens soucieux de la stabilité de leur pays à faire preuve de la plus grande des vigilances. Il y a une volonté manifeste de les diviser, de les affaiblir et de les provoquer.
Il est inutile de dire que le désordre n’arrange que les partisans de la pérennité du système actuel. Aussi, faut-il d’ores et déjà commencer, par exemple, à se méfier des appels anonymes suggérant des grèves de plusieurs jours diffusés ici et là. Une longue paralysie du pays ne profitera certainement pas à la population et à la contestation contre le cinquième mandat. La mobilisation se poursuivra certes, mais cela devra se faire avec le moins de dégâts possible. Elle doit être un exemple de solidarité, de maturité politique et de combat pacifique. Un combat qui a déjà impressionné le monde entier. Ce n’est que de la sorte que les Algériens arriveront à obtenir gain de cause.
S. S.
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