Et si le Conseil constitutionnel invalidait l’ensemble des candidatures ?
Par Karim B. – La question de l’invalidité du dossier de candidature de Bouteflika reste posée. Le fait que le Président sortant ait délégué son directeur de campagne pour accomplir les formalités administratives auprès de cet organe juridictionnel suprême avait soulevé un tollé général et valu à l’ex-directeur de campagne du général à la retraite Ali Ghediri de vives critiques sur les réseaux sociaux. Mokrane Aït Larbi avait été accusé d’avoir cautionné une entorse à la loi commise par le candidat contesté. L’avocat et militant des droits de l’Homme s’était alors défendu d’avoir «signé un quelconque document» à la place du principal concerné.
De son côté, le président de la Haute Instance de surveillance des élections, Abdelwahab Derbal, avait déclaré que seul le candidat pouvait déposer son dossier auprès du Conseil constitutionnel, avant de tourner casaque, en affirmant dans les médias que ses propos avaient été «mal compris».
Cette déclaration, bien que contredite par son propre auteur et étouffée par les cris des citoyens qui manifestent depuis le 22 février contre le cinquième mandat, ne révèle pas moins la situation délicate dans laquelle se trouvent les membres du Conseil constitutionnel. Ce dernier, en raison de sa prééminence au sommet de la hiérarchie, est tenu de rendre sa décision loin de toute influence ou pression politique. C’est vers lui que sont rivés tous les regards à quelques heures de l’expiration du délai imparti pour rendre publique la liste des candidats éligibles à l’élection présidentielle.
Une invalidation de l’ensemble des dossiers de candidature est-elle possible ? «Oui», répond un constitutionnaliste. Une telle situation induirait un report inéluctable de l’élection présidentielle et annulerait de fait le cinquième mandat de Bouteflika tant qu’il ne pourra pas se déplacer en personne au siège de cette institution, considérée comme le «juge des élections législatives et présidentielle et de la surveillance des référendums».
Les candidatures du général à la retraite Ali Ghediri et du président du parti El-Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, semblent, elles aussi, compromises, tant les millions de manifestants ne refusent pas uniquement le cinquième mandat mais rejettent tout le système politique actuel. Il est, dès lors, difficile d’admettre que les deux candidats, dont le premier a «promis de se plier à la volonté du peuple» et le second menacé de se retirer de la course, aient pu réunir les 60 000 signatures nécessaires à la validation de leur candidature.
Fait inédit depuis l’indépendance du pays, l’Algérie semble cheminer inexorablement vers l’annulation de l’élection présidentielle d’avril prochain.
K. B.
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