L’ex-ambassadeur de la France à Bamako accuse : «La France a donné Kidal aux séparatistes»
Ce sont des accusations graves que vient de porter l’ex-ambassadeur de la France au Mali Nicolas Normand à l’encontre de son pays.
«La France a ajouté du désordre au désordre et elle a manqué l’occasion en 2013 de neutraliser tous les groupes armés du nord du Mali», a-t-il soutenu dans une déclaration jeudi dans l’émission Afrique de RFI dont il était l’invité.
Pour l’ex-ambassadeur qui vient de publier un ouvrage intitulé Le Grand Livre de l’Afrique, l’opération de Serval de janvier 2013 qui a évolué en opération Barkhane aurait pu donner des résultats probants si elle avait su empêcher la propagation des djihadistes au Mali.
Mais ce n’est pas le cas. Selon lui, la France a choisi le mauvais collaborateur dans la crise du Nord-Mali. «La France avait cru distinguer les bons des mauvais groupes armés», souligne Nicolas Normand. Avant d’ajouter : «Certains qui étaient perçus comme politiques et d’autres qui étaient perçus comme terroristes et l’armée française est allée rechercher ces groupes, le MNLA à l’époque». Il qualifie ces derniers de séparatistes touarègues qui étaient minoritaires. Ainsi, selon lui, c’est la France «qui a donné Kidal aux séparatistes».
Nicolas Normand met en cause par ailleurs l’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali. A ses dires, c’est un document qui donne plus de privilèges à un groupe signataire au détriment d’autres. Il a dénoncé la possibilité offerte à ce groupe de garder les armes jusqu’à la fin du processus. Il explique également que la situation actuelle profite bien à certains acteurs du processus, notamment les Ifoghas, qui, avec le retour à la normale, risque «de se faire diriger par la majorité touareg (les Imgad)».
Pour l’ancien diplomate français, la méthode employée par la France est «simpliste». «On applique toujours la même formule : il y a des troubles, on envoie une sorte de corps expéditionnaire et ensuite on fait une élection précipitée du président de la république qui est censé redonner une légitimité au pouvoir, et, enfin, on met des Casques bleus pour gérer le tout. Ce qui est un chao», a-t-il expliqué.
R. I.
Comment (4)