Lakhdar Brahimi : «Le changement radical doit se faire par le dialogue structuré et organisé»
Par Hani Abdi – Lakhdar Brahimi appelle à l’urgence de franchir le pas et d’entamer le dialogue pour aller vers les changements auxquels aspire le peuple algérien. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, ce diplomate chevronné, mondialement connu, assure que rien ne pourrait être fait ou réglé sans le dialogue. «Depuis que je suis là, je n’ai qu’un seul mot dans la bouche, c’est la nécessité du dialogue. Plus tôt on commence à parler, mieux ça vaut», soutient-il, affirmant qu’il n’est mandaté par personne pour parler de la situation de son pays.
«Il n’y a pas une bonne volonté de la part de ceux qui posent et reposent cette même question. Je suis un Algérien, à la retraite depuis 1993. C’est mon pays où j’ai des liens amicaux, familiaux… Je me suis inquiété et j’ai posé des questions comme tout le monde. Est-ce qu’on m’a donné un mandat ?Certainement pas», répond-il à la question de la journaliste sur les raisons qui le poussent à contacter des gens pour tenter de les ramener à la table des négociations.
«Ce que nous voyons dans les rues, c’est très beau, enthousiasmant d’un côté, mais ça ne peut pas continuer comme ça. Changer de manière radicale le système politique est parfaitement compréhensible. Mais il faut que les gens dialoguent. Le changement immédiat est impossible. Il faut qu’il soit organisé. En Irak, ils sont tous partis. Et vous voyez comment est devenu ce pays», lance-t-il comme un avertissement à ceux qui exigent le départ immédiat du régime Bouteflika.
«Je ne sais pas si le pouvoir va faire de nouvelles concessions. Ce qui est absolument certain, c’est que le dialogue est indispensable et urgent. Que la rue tienne la position qui est la sienne à l’heure actuelle, je crois que c’est compréhensible. Ce qui est moins compréhensible, c’est ceux qui se disent des leaders, des cadres, des meneurs qui suivent la rue au lieu d’essayer de diriger ce mouvement qui a commencé il y a bientôt un mois», poursuit Lakhdar Brahimi, qui insiste sur «la revendication du changement» qui, selon lui, est non seulement légitime et compréhensible, mais aussi attendue.
«Quand les manifestants sortent dans la rue, scandant « non au cinquième mandat », « pour le changement », » pour la deuxième République »…, je crois qu’il y a l’unanimité dans le pays à ce sujet. Mais le changement ne se fait pas tout seul. La deuxième république, c’est une aspiration légitime mais c’est un programme complexe, compliqué», assure-t-il. Pour Brahimi, il faut que le premier pas se fasse et ce premier pas ne doit pas se faire dans le désordre. Ce premier pas est d’une importance capitale. «Je suis désolé de me comporter comme un disque rayé, mais il faut un dialogue structuré et organisé», insiste-t-il.
H. A.
Comment (50)