Constat inquiétant
Sadek Sahraoui − Doucement mais sûrement, un débat sur la manière dont être gérée la transition s’installe. C’est tant mieux. Plus tôt la problématique sera entamée, plus tôt les Algériens sortiront de la crise et pourront s’atteler à bâtir l’Algérie de leurs rêves. Il faut toutefois alerter d’emblée sur le fait que ces discussions déterminantes pour l’avenir du pays font face à des dangers. Le premier d’entre eux est l’entêtement des décideurs politiques actuels à vouloir à tout prix diriger cette transition.
Bien que prié par la population de rendre les clefs du pays au plus tard le 28 avril prochain, le président sortant et ses partisans multiplient en effet les manœuvres dans le but de s’accrocher et d’imposer son agenda. La chose se vérifie d’ailleurs assez bien à travers le travail de coulisses entrepris par Lakhdar Brahimi.
Ce constat est assez inquiétant car il laisse entendre que les décideurs actuels n’ont pas compris le message des Algériens et qu’ils sont encore prêts à s’engager dans des épreuves de forces pour obtenir ce qu’ils veulent, à savoir une rallonge du mandat du président sortant. Or la rue, a tranché la question de leur devenir depuis au moins quatre semaines. Et de quelle manière en plus. La situation est claire : Les Algériens ne veulent entendre parler de transition qu’une fois le départ du président Bouteflika acté. Autrement dit, ils considèrent que le président sortant ne fait pas partie de la solution du moment qu’il est à l’origine du problème.
Contrairement à ce que certains essayent de faire croire, un éventuel départ de Abdelaziz Bouteflika le 28 ou le 29 avril prochain ne mettra pas en péril l’Algérie. La vacance du pouvoir n’est pas un danger. Du moins pas quand cette vacance est courte. Après tout, le pays a des cadres suffisamment compétents et honnêtes pour garder la maison. Il faut peut-être ajouter que c’est tout le peuple qui garde l’Algérie. Donc n’ayons pas peur pour le pays.
En revanche, nous devons prendre garde à ce que le débat sur notre seconde république ne dure pas 100 ans. Il ne s’agit pas de réinventer le fil à couper le beurre. Les expériences des autres sont là. Il s’agit de les prendre et surtout de les appliquer sérieusement. A notre sens, un comité de quelques personnes respectées, respectables et irréprochables peuvent faire aboutir notre transition en quelques petits mois. Par la suite, des élections crédibles pourront nous permettre d’avoir une élite politique légitime pour conduire les réformes souhaitées.
Il faut prendre garde à ce que l’Algérie ne tombe pas dans le piège de la révolution permanente, situation dans laquelle se trouve actuellement la Tunisie. Ce n’est pas le moment et nous n’en avons pas les moyens.
S. S.
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