La rue et après ?
Par Nasser Chali – C’est bien que le mouvement des foules dessine les rues. Cependant, on risque de s’habituer et de ne rien faire.
L’ambiance festive et les absences au travail feront de nous des estivants en mal de vacances que la météo a gratifiés d’un soleil ardent. Je constate qu’il ne faut pas se dépenser à aller expliquer les raisons de la colère mais de mettre à la potée du peuple des solutions intelligentes, rapides et, surtout, efficaces. Il y a bien des chancelleries en Algérie, il faut les utiliser et épargner l’argent du contribuable. Les gens penseraient, à juste titre, que nous sommes allés quémander des solutions à l’étranger alors que depuis la nuit des temps nous n’avions cessé de parler de notre indépendance. Je ne pense que Macron ou Poutine dépêcherait des émissaires chez nous s’ils avaient les mêmes difficultés.
Il faut tout de suite mettre en route une conférence nationale avec un président choisi de la société civile, connu pour sa probité et son honnêteté et qui n’a rien à voir avec les partis ou les associations. Un ancien moudjahid serait le bienvenu.
Les membres de la commission se diviseraient en trois groupes : l’alliance présidentielle actuelle, les partis de l’opposition, les membres de la contestation populaire. Donc, chaque composante pèsera 33% du total des participants. On pourra inviter des observateurs nationaux ou internationaux qui se contenteront d’observer les travaux de la conférence.
Cette conférence dégagera une commission qui se chargera de la présidentielle. A chaque parti ou groupe de présenter son candidat. Quand le président est élu démocratiquement, place sera faite aux élections législatives. Le parti vainqueur dirigera le gouvernement et lancera les travaux de la nouvelle Constitution.
Cette période de transition sera de six mois et ne doit en aucun cas être une période de calculs politiciens qui nous ont amenés à la situation où nous sommes. Ce n’est pas une partie de plaisir car l’ancien système n’a plus cours et le nouveau n’est pas encore en fonction. C’est une période de convalescence après une longue thérapie de choc. De notre capacité à gérer dans la paix et la fraternité cette rude épreuve dépendra notre avenir. C’est une manière de construire en quelques semaines un destin pour la République à venir. Ce n’est pas une sinécure.
Ceux qui pensent que tout ira bien dans le meilleur des mondes dans quelques mois se trompent. Nous avons eu dans notre histoire des périodes plus délicates mais nous les avons toujours transcendées.
La leçon de pacifisme que nous avons donnée au reste du monde dans nos manifestations est un indicateur de réussite. Continuons dans la paix. Nous verrons bientôt le bout du tunnel.
Gloire a mos martyrs !
N. C.
Ecrivain (Toronto)
Ndlr : Les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotiqu
Comment (15)