Déni de réalité
Par Sadek Sahraoui – Les Algériens observent aujourd’hui leur cinquième vendredi de mobilisation pour contraindre le président Bouteflika à partir au terme de son mandat actuel.
La société civile et la classe politique refusent unanimement qu’il chapeaute la transition. Bien qu’il ait consenti quelques concessions, de pure forme, le chef de l’Etat continue cependant de camper sur sa position initiale. Il n’escompte lâcher le pouvoir qu’une fois son successeur élu.
Abdelaziz Bouteflika et ses partisans se trouvent néanmoins dans une position intenable. Nonobstant de la mobilisation populaire qui n’a pas faibli, il ne se passe également plus un jour sans que leur camp n’enregistre des défections. Le système Bouteflika se lézarde de partout. Même le FLN et le RND qui constituent ses deux principales béquilles politiques et qui ont, dans un passé très récent, défendu bec et ongle l’option du 5e mandant, commencent aujourd’hui à prendre leurs distances vis-à-vis du cercle présidentiel. Ils ont fini par comprendre que leur survie politique était en jeu.
L’exemple le plus patent de ce retournement de veste est donné par le parti d’Ahmed Ouyahia. Lors de son passage, mercredi, sur le plateau d’une chaîne de télévision privée algérienne, son porte-parole, Chiheb Seddik, a fait amende honorable. Il n’a également pas hésité à tirer à boulet rouge sur les promoteurs du 5e mandat et dénoncé «les forces non constitutionnelles» qui se sont infiltrées dans le pouvoir et qui dirigent actuellement le pays.
Même le FLN, le parti du Président, commence à opérer un virage un 180°. Ces repositionnements interviennent à un moment où tout laisse croire également que le chef d’état-major de l’ANP a changé sa perception de la crise.
Tous ces lâchages, ces repositionnements et les évolutions que connaît la situation font qu’aujourd’hui Abdelaziz Bouteflika est un homme seul. Un homme qui plus est donne l’impression de s’être emmuré dans une forme de déni de réalité.
L’Algérie est présentement prisonnière d’un statu quo inquiétant duquel il faut sortir très vite. Si l’on veut éviter les scénarios du pire, il serait temps que quelqu’un aille faire au Président un topo de ce qu’est réellement la situation.
S. S.
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