Loi sur les hydrocarbures, Zetchi, prière à l’école : le temps des révélations
Par R. Mahmoudi – Le climat de fin de règne qui s’illustre, depuis quelques jours, par la multiplication des défections au sein des organisations inféodées au pouvoir en place et des ralliements plus ou moins assumés au pouvoir de la rue, est le moment propice pour toutes sortes de déballages et de petits règlements de comptes entre anciens responsables qui, parfois, n’en mesurent pas les incidences sur l’image et l’autorité de l’Etat.
Les révélations les plus graves ont été, sans doute, celles que vient de formuler l’ex-chef de gouvernement Ali Benflis dans plusieurs déclarations à la presse nationale et arabe, dans lesquelles il ajoute tacitement foi à certains discours d’opposants accusant l’Algérie d’avoir cédé, gracieusement, des parts de son gaz naturel à la France. Benflis affirme que la raison de sa démission du gouvernement en 2004 était liée au projet de loi sur les hydrocarbures qui, finalement, sera, selon lui, adopté, sans avoir été examiné au Conseil des ministres. Un sénateur a saisi, hier jeudi, le nouveau Premier ministre, Noureddine Bedoui, par une question orale sur ces révélations. Cet élu a sans doute choisi le mauvais moment pour interpeller le chef de l’Exécutif mais, pour Benflis, tout est bon pour porter l’estocade au régime qui l’a évincé.
L’autre déballage rapporté par la presse, ces deux derniers jours, est attribué à Mohamed Aïssa, l’intrépide ministre des Affaires religieuses dans le gouvernement Ouyahia. Dans une déclaration qui sonne comme un «coup bas» indigne de sa réputation, Aïssa jure tous ses dieux que lui et son département s’étaient résolument opposés à la mesure prise par la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, d’interdire la prière dans les établissements scolaires. Est-ce une manière pour cet ex-ministre de se rapprocher du «peuple» en se désolidarisant ainsi des membres du gouvernement ?
Dans la sphère sportive, les tiraillements internes commencent aussi à monter à la surface. Des voix s’élèvent pour accuser l’ex-ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould-Ali, d’avoir «imposé», de façon illégale, Kheireddine Zetchi à la tête de la Fédération algérienne de football.
Au rythme où va la déchéance du système politique en place, il faut s’attendre à une explosion de déballages, d’actes de vengeance et de reniements dans les prochains jours et semaines. Les propos décapants tenus par le numéro deux du RND, Seddik Chihab, remettant en cause toute la ligne de son parti, donnent un avant-goût des chamboulements à venir. Et c’est à ce moment-là qu’il faudrait craindre des dérapages et des régressions fatals.
R. M.
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