Nouvelle manifestation des Gilets jaunes en France : le samedi de tous les dangers
De Paris, Mrizek Sahraoui – Si le quinquennat d’Emmanuel Macron a pris du plomb dans l’aile dès après la révélation de l’affaire Benalla, une histoire aux ramifications sans fin, la journée de ce samedi, qui coïncide avec le 19e acte de la protestation des Gilets jaunes, risque de compromettre définitivement les chances d’un second mandat.
Sous l’œil de la presse internationale, la France s’apprête à vivre le moment le plus périlleux du mandat Macron. Après un 18e épisode de manifestation des Gilets jaunes, marqué par la recrudescence de la violence ayant mis Paris dans un climat de guerre civile, le chef de l’Etat a décidé de faire appel, sans concertation, faut-il le souligner, avec le chef d’état-major des armées aux soldats de la force Sentinelle, une force mobilisée exclusivement pour faire face au risque terroriste. Mais de l’avis de l’opposition, le déploiement des soldats de l’opération Sentinelle présente un risque majeur de voir la France plonger dans un avenir bien sombre. Beaucoup d’élus ont émis des doutes sur l’opportunité d’une telle mesure. Le responsable si d’aventure la situation venait à déraper porte un nom : Emmanuel Macron, qui a décidé de façon unilatérale de recourir à l’armée, une décision qui a suscité une vive polémique.
Les militaires, s’est insurgé Jean-Luc Mélenchon, leader de la France Insoumise, ne sont pas formés pour gérer les mouvements de foule. Dans une déclaration solennelle, il a exhorté les militaires à faire preuve de retenue et leur a demandé d’éviter de faire usage de leurs armes, même s’ils se retrouvent face une menace réelle de légitime défense. Mais la crainte est d’autant plus grande et rien ne garantit que les militaires resteront statiques et ne réagiront pas s’ils se trouvent contraints de respecter les ordres de mettre hors d’état de nuire les manifestants qui prendraient le risque d’en découdre avec les forces armées, craignent tous les Français opposés à la politique de Macron.
Par ailleurs, nombreux sont les observateurs qui ont vu dans la décision du président de la République une énième diversion. Le grand débat national tirant à sa fin n’a pas donné les résultats escomptés. Sept Français sur dix ne sont pas convaincus de l’utilité dudit débat. Le même pourcentage a relevé l’incapacité de l’Exécutif à rétablir l’ordre public, tout en s’interrogeant sur l’opportunité d’une telle mesure. Une loi anticasseurs a déjà été votée par le Parlement et des dizaines d’arrêtés interdisant des manifestations dans la plupart des grandes agglomérations ont été signés par les préfets.
La décision de faire appel à l’armée en renfort, une prise de risque inutile, selon les médias qui s’interrogent à quoi il faudra s’attendre ce samedi 23 mars, cache mal l’échec patent du grand débat national initié pour noyer, dénoncent les opposants à Emmanuel Macron, les revendications légitimes des Français qui réclament du pouvoir d’achat et non une confrontation directe avec l’armée.
M. S.
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