L’Europe malade tourne le dos à Washington et se «soigne» chez le géant chinois
De Paris, Mrizek Sahraoui – Après s’être aperçu que la voie outre-Atlantique ne mène nulle part et préférant désormais la route de la soie, Emmanuel Macron a finalement fait le choix de la raison. Mais la pirouette à 180 degrés du Président français n’est pas passée inaperçue aux yeux de ses détracteurs qui voient dans le comportement du chef de l’Etat, outre le fait que la France, admettent-ils, devrait tirer de substantiels dividendes et profiter amplement de cette nouvelle lune de miel avec la Chine – qui a passé une commande de 300 Airbus –, surtout un énième reprofilage dans la perspective des élections européennes et une tentative de redorer son blason terni par des couacs à répétition et quatre mois de protestation des Gilets jaunes.
Le président chinois effectue, depuis dimanche, une visite d’Etat de trois jours en France, une visite à laquelle sont conviés la chancelière allemande Angela Merkel et Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne. Xi Jinpin est reçu par Emmanuel Macron avec tous les égards dus à son rang de 2e puissance économique mondiale (qui) vient au secours d’une économie française souffreteuse.
L’axe de l’agitation et de la fanfaronnade qu’avaient incarné le président français, Emmanuel Macron, qui s’était autoproclamé chantre du multilatéralisme, et son homologue américain, Donald Trump, dont la principale devise fut et demeure l’«Amérique d’abord», n’a pas tenu longtemps face à la constance et au pragmatisme du binôme composé du président chinois, Xi Jinping, et du chef du Kremlin, Vladimir Poutine, qui n’a pas encore réagi à l’annonce faite, ce lundi, par le secrétaire général de l’OTAN de la prochaine adhésion de la Géorgie à l’alliance militaire sous le commandement des Etats-Unis.
En façade, cette visite s’inscrit dans le cadre du renforcement du partenariat stratégique entre l’Europe en général et la Chine, en particulier. Pour preuve de la volonté de rapprochement entre les deux entités, ce tweet très explicite d’Emmanuel Macron : «Cette visite va renforcer notre partenariat stratégique et affirmer le rôle de la France, de l’Europe et de la Chine en faveur d’un multilatéralisme fort.» En façade seulement puisque, même si Emmanuel Macron se satisfait de la trentaine de contrats qui devaient être signés, chiffrés à plusieurs milliards de dollars, et dit vouloir associer les autres pays européens dans cette nouvelle dynamique, ces derniers sont cependant loin de partager l’enthousiasme et la vision [unilatérale] du Président français.
L’Europe peine à définir une politique commune claire face au géant chinois. De plus, nombre de pays lui reprochent de rouler pour son propre compte et dénoncent sa stratégie de bipolarisation de la vie politique européenne. Pour Emmanuel Macron, en effet, il y a, d’un côté, les nationalistes, de l’autre les progressistes dont il estime en être l’incarnation.
Cela ne plaît pas du tout à la majorité des autres leaders européens qui ne manqueront pas de le lui faire savoir bientôt.
M. S.
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