Le sixième vendredi va-t-il accélérer la destitution du président Bouteflika ?
Par Karim B. – L’armée et le Conseil constitutionnel attendaient-ils la réponse de la rue ce vendredi pour mettre en œuvre l’appel du chef d’état-major de l’ANP à l’application de l’article 102 de la Constitution ?
Les Algériens sont sortis par millions ce vendredi encore pour exprimer leur résolution à ne pas arrêter le rendez-vous revendicatif hebdomadaire tant que le régime est toujours en place. Or, plus d’un mois après le déclenchement du mouvement populaire, seul le renoncement de Bouteflika au cinquième mandat et la démission du Premier ministre ont été obtenus.
L’opinion publique commence à s’interroger sur les velléités du régime dont elle réclame le départ en des termes virulents mais sans jamais basculer dans la violence, en dépit des tentatives de quelques agitateurs qui tentent, à partir de l’étranger, de pousser les manifestants à commettre des actes dans l’hypothétique espoir de faire dévier le mouvement de sa trajectoire, mais dont les manœuvres se fracassent contre la maturité et l’amour des Algériens pour leur patrie qu’ils veulent à tout prix préserver.
Le président Bouteflika est toujours en poste, son entourage immédiat continue de diriger le pays en son nom en toute illégalité, les mêmes ministres sont toujours là, enfermés dans leur bureau, «privés de sortie» – le Premier ministre ayant échoué à constituer une nouvel Exécutif –, le Parlement croupion se proclame encore comme le représentant légitime d’un peuple qui, pourtant, le rejette et l’ANP est désormais sans ministre de la Défense dont elle ne reconnaît plus l’autorité puisqu’elle appelle à lui appliquer l’article relatif à l’empêchement.
La classe politique dans son ensemble, pouvoir et opposition, est décriée par les millions de citoyens qui battent le pavé depuis le 22 février, mais l’absence de mesures réelles pour répondre aux aspirations des citoyens éloigne la perspective d’une sortie de crise qui ne semble pas être recherchée par tous.
L’institution militaire s’est prononcée par la voix de son chef d’état-major en faveur de la destitution du président Bouteflika, répétant depuis le deuxième discours du général de corps d’armée, Ahmed Gaïd-Salah, qu’elle se rangeait du côté du peuple. Les slogans scandés ce vendredi appelant à la fraternité entre le peuple et son armée sont-ils le signe précurseur d’une nouvelle étape dans le processus de déposition du chef de l’Etat, soit par le biais du Conseil constitutionnel, soit par l’annonce de sa démission, soit par l’intervention directe de l’armée ?
K. B.
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