Une source proche de la Présidence : «Belaïz attend un ordre de Bouteflika»
Par R. Mahmoudi – Quatre jours après l’appel du général Ahmed Gaïd-Salah à appliquer l’article 102 de la Constitution pour déclarer l’état d’empêchement, le Conseil constitutionnel, sous la présidence de Tayeb Belaïz, rechigne toujours à se réunir, comme l’exige la Loi fondamentale, pour transmettre la proposition au Parlement, lequel devrait ensuite formuler la demande de destitution du chef de l’Etat au même Conseil.
Non seulement l’institution que préside l’ex-conseiller du Président ne s’est pas réunie, mais ne s’est aucunement prononcé sur cette question. Ce mutisme inexpliqué risque, s’il se prolonge, de provoquer une grave fracture politico-institutionnelle aux conséquences incalculables. Or, cette attitude montre clairement que le Conseil constitutionnel et son président demeurent sous l’emprise des décideurs de la présidence de la République. Une source proche de la Présidence a confié au quotidien français Le Figaro que Tayeb Belaïz «n’émettra pas le moindre son sans un ordre franc et direct».
Il faut donc chercher à connaître la stratégie du cercle présidentiel pour sortir de ce bourbier ou pour se chercher une «sortie honorable» après sa déconfiture. Le président de la République va-t-il rester jusqu’au terme de son mandat, au risque d’enfoncer tout le pays dans une nouvelle crise institutionnelle ? Peut-il décider, comme le suggèrent certains, de démettre le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, avant de déposer sa démission, histoire de rendre caduque l’application de l’article 102 de la Constitution qu’exige le chef d’état-major de l’ANP ? Cette situation peut, dans un sens, sauver l’honneur du Président mais va mener vers la même situation de vide constitutionnel, similaire à celle qu’a connue le pays en 1991, à la veille de la démission de Chadli Bendjedid, où le président de l’APN de l’époque, pour des raisons jamais expliquées, avait démissionné de son poste. Ce qui, sur le coup, obligea le Haut Conseil de sécurité de mettre en place un Haut Comité d’Etat.
Pour l’instant, les choses continuent à fonctionner normalement, et le président de la République assume toujours officiellement ses fonctions, faisant fi de l’injonction du chef de l’état-major de l’ANP. Pour preuve, il vient de charger Abdelkader Bensalah pour le représenter au 30e Sommet arabe prévu ce dimanche à Tunis.
R. M.
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