Comment réagira la rue aux attaques de Gaïd-Salah contre Toufik et Tartag ?
Par R. Mahmoudi – En choisissant l’escalade dans sa tentative de destituer le chef de l’Etat, le chef d’état-major de l’ANP escompte gagner définitivement les faveurs de la population qui manifeste depuis plus de six semaines contre le pouvoir et ses symboles. Parce que, même si dans sa déclaration d’hier il dit que la rue a favorablement accueilli son appel à appliquer l’article 102 de la Constitution, il sait bien que ce n’est pas réellement le cas et que les manifestants ne l’avaient pas ménagé lors des marches du vendredi dernier.
En reprenant à son compte le slogan de la rue qui réclame désormais l’application de l’article 7 qui stipule que «le peuple est la source de tout pouvoir», le général Gaïd-Salah cherche à séduire les manifestants et, surtout, à s’assurer de leur soutien dans le bras de fer mortel qu’il a engagé avec le cercle présidentiel.
Il faut peut-être attendre la prochaine manifestation populaire pour connaître la tendance dominante et si la rue est prête à accompagner ce déploiement de l’armée. Des médias et des personnalités se proposent déjà sur certains plateaux de télévision et sur les réseaux sociaux pour porter la voix du chef de l’état-major et promouvoir un discours louant «la communion entre le peuple et son armée» (djeich, chaâb, khawa khawa, dixit le slogan des manifestants) pour mettre en échec la «bande de corrompus» qui sévit encore au sommet de l’Etat.
Le verdict des manifestants semble ainsi déterminant pour la démarche à suivre. Or, tout laisse croire que les masses vont continuer, imperturbablement, à exprimer leur attachement à leur grande revendication : «Partez tous !», même si des signes de flottement et de division commencent à apparaître à travers les premiers commentaires diffusés sur les réseaux sociaux, et même dans le rassemblement organisé juste après la déclaration de Gaïd-Salah devant la Grande-Poste d’Alger, où les slogans scandés étaient partagés entre un soutien tacite à la démarche de l’armée («Djiboul’na Saïd, tekhlas lehkaya» (Ramenez-nous Saïd (Bouteflika, Ndlr), tout rentrera dans l’ordre) ou encore «El-djeich dyalna, we na’dirou rayna» (L’armée nous appartient, et c’est à nous de décider ce qu’il faudrait en faire).
R. M.
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