Ces deux détails qui prouvent que le régime Bouteflika est toujours en place
Par Karim B. – Les Algériens qui manifestent depuis le 22 février pour le changement radical du régime politique devront patienter encore avant que leurs vœux soient exaucés. Deux détails au moins, lors de la réunion des deux chambres du Parlement hier, le démontrent.
Sur l’image montrant les membres de l’APN et du Conseil de la nation réunis autour d’une table pour constater la vacance du pouvoir après que le Conseil constitutionnel les en eut informés, le portrait du président démissionnaire hante la salle au-dessus des têtes d’Abdelkader Bensalah et Mouad Bouchareb, lançant un regard défiant aux «élus» rassemblés pour le destituer et retirer son cadre qui trône dans les administrations et les institutions officielles durant deux décennies, sans que l’image du «souverain» ait été changée depuis 1999.
Autre aberration laissée par le président démissionnaire, l’inénarrable Djamel Ould-Abbès, assis à la gauche du président du Sénat, invité à constater l’empêchement, lui qui fut le premier à crier son soutien à la «continuité», donc à un cinquième mandat en faveur du Président malade.
Djamel Ould-Abbès fait partie des hommes de la cour d’Abdelaziz Bouteflika qui ont failli conduire le pays à sa perte, n’eût été la sagesse du peuple algérien. Ses provocations n’ont pas cessé, puisqu’il s’affiche, toute honte bue, parmi les personnalités à qui est échue la mission de se prononcer contre ses propres «convictions», en déposant celui dont il voulait le maintien au pouvoir jusqu’à la mort.
Comme dans toute révolution, la transition en Algérie décevra par la récupération dont elle fera l’objet. Les Algériens qui continueront de manifester pour que leurs revendications aboutissent, après de longues années de patience, seront désillusionnés lorsqu’ils constateront que les pratiques seront demeurées les mêmes et que seuls les noms de ceux qui tiennent les leviers du pouvoir auront changé.
Dans les faits, si les millions de citoyens ont poussé Bouteflika à «dégager», ceux qui auront officialisé ce départ sont ceux-là mêmes que les manifestants visent par leur slogan désormais repris sous d’autres cieux – au moins une exportation hors hydrocarbures ! – : «Dégagez tous !»
K. B.
Comment (60)