Pourquoi les islamistes veulent aller vite vers une transition «consensuelle»
Par R. Mahmoudi – Interrogés par le quotidien panarabe Al-Charq Al-Awsat sur les risques de récupération du mouvement par les islamistes, les deux figures islamistes nient en bloc toute intention d’infiltrer la contestation. «Il est absolument inconcevable pour les islamistes de prendre le contrôle du mouvement. Dès le premier jour, nous avons donné des instructions à nos militants dans les wilayas Etats pour prendre part aux manifestations mais de ne pas le conduire», a déclaré Mokri. Les propos du chef du MSP laissent entendre que son mouvement a les moyens de conduire le mouvement et qu’il s’en refuse pour des raisons tactiques.
Abdallah Djaballah prône le même discours, en assurant au même journal que les islamistes ne sont pas les «instigateurs» du mouvement citoyen en Algérie, en arguant que les lieux de rassemblement à Alger sont relativement loin des mosquées.
Par ailleurs, pour les deux principaux partis islamistes, le MSP d’Abderrazak Mokri et le FJD (Adala) d’Abdallah Djaballah, il y a urgence de pousser les présidents du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, et de l’APN, Mouad Bouchareb, à la démission pour permettre l’ouverture d’une transition consensuelle, sous supervision de l’armée.
Les deux figures islamistes ont plaidé pour le départ immédiat de tous les symboles de l’ancien régime, «comme l’exige la rue», pour aller vers la formation d’un gouvernement de transition qui serait constitué de personnalités «admises» par le mouvement de contestation populaire.
Mokri estime, ainsi, qu’un vide institutionnel serait «salutaire», dans un sens où il permettrait l’«ijtihad». Le chef du MSP propose qu’une «personnalité consensuelle» conduise cette transition, et pose deux conditions : que cette personnalité ne soit pas impliquée dans la corruption ou dans de précédentes fraudes électorales. «A défaut de quoi, une confrontation avec les citoyens entraînerait le pays dans une grave crise.»
Pour réussir ce passage difficile, Mokri juge qu’un dialogue entre les partis politiques, la société civile, les représentants du mouvement de contestation et l’institution militaire doit être engagé en toute urgence. Il considère que «tout se décidera aujourd’hui, dans un sens où si les grandes marches de ce vendredi font pression pour déloger Bedoui et Bensalah, l’institution militaire sera obligée de pousser les choses vers l’ouverture d’une transition consensuelle».
R. M.
Comment (42)