Confusion autour du départ imprévisible du patron des services Bachir Tartag
Par R. Mahmoudi – Incapable d’expliquer la réalité du départ inopiné du conseiller auprès du président de la République chargé de la coordination des services de sécurité, le général-major Athmane Tartag, dit Bachir, sur lequel tout le monde s’interrogeait, hier, l’agence officielle APS rapportait dans une courte dépêche que ce dernier «a été démis de ses fonctions», citant une «source proche du ministère de la Défense nationale (MDN)».
Deux anomalies visibles retiennent l’attention dans la formulation de cette dépêche. Il y a d’abord l’emploi de la voie affirmative dans cette annonce, alors que son auteur cite une source qu’il n’identifie que partiellement. Or, il n’est pas dans les habitudes de cette agence de se référer à des sources de façon aussi biaisée.
La seconde anomalie a trait à la confusion que laisse entretenir l’information en elle-même. En annonçant que le général Tartag a été «démis de ses fonctions», l’auteur de la dépêche ne prend pas la peine de préciser dans quelles conditions, ni surtout par quelle autorité il l’aurait été. Or, étant donné que le désormais ex-coordonnateur des services de sécurité et sa direction étaient rattachés à la présidence de la République, la décision ne pouvait logiquement émaner que du président de la République qui, lui, avait démissionné le 2 avril dernier. Par conséquent, l’hypothèse la plus plausible est que, comme l’avait relevé Algerieptriotique dans un article précédent, le général Athmane Tartag a été démis par le chef de l’Etat dans le cadre des mesures qu’il a dit avoir prises pour «assurer le fonctionnement normal des institutions» et la réussite de la transition. En aucune façon, donc, une telle décision n’aurait pu être prise par le chef d’état-major de l’ANP qui n’a pas cette prérogative.
Sur sa lancée, l’APS annonce que la structure, dirigée depuis 2015 par le général Tartag, «est dorénavant sous la tutelle du MDN», sans aucune autre précision. Là encore, la confusion est totale. Car, on ignore si la décision de rattacher la Direction des services de sécurité (DSS) – organe qui avait supplanté l’ex-Département du renseignement et de la sécurité (DRS) – relève de la prérogative du chef d’état-major de l’ANP, qui est aussi vice-ministre de la Défense nationale, alors que, conformément à la Constitution, le Président démissionnaire continuera à assurer le fonctionnement des institutions et des engagements internationaux de l’Etat jusqu’à la l’élection d’un nouveau chef d’Etat.
R. M.
Comment (23)