Appels du pied à Gaïd-Salah : Benflis se voit-il en «homme de consensus» ?
Par R. Mahmoudi – L’ex-chef de gouvernement et président de Talaie El-Houriyet est sans doute le seul homme politique de l’opposition à se dire satisfait de l’ensemble des décisions prises ou annoncées par le chef d’état-major de l’ANP pour résoudre la crise politique actuelle et à assumer pleinement ce soutien.
Après avoir, une première fois, applaudi les injonctions échelonnées du général Ahmed Gaïd-Salah visant à destituer le chef de l’Etat, Ali Benflis vient de se distinguer par une sortie pour le moins audacieuse, toujours dans le sens appuyant la démarche de l’actuel homme fort du pays. Invité samedi au Forum du quotidien El-Moudjahid (déjà une première conquête pour l’opposant invétéré qu’il est !), il s’en est pris ostentatoirement au responsable des services de renseignements qui venait d’être «démis de ses fonctions», selon l’expression consacrée, en l’accusant de l’avoir persécuté et d’être «un ennemi de la démocratie». «Il ne faisait que surveiller l’activité politiques et syndicale», a-t-il lancé.
Il va sans dire que l’ex-chef de gouvernement n’aurait jamais osé lancer des accusations aussi graves si le responsable question, en l’occurrence le général Bachir Tratag, était encore en fonction. Par couardise ou devoir de réserve, Ali Benflis n’est pas homme à engager pareille polémique ou à personnaliser le débat politique. Il est clair qu’il le fait aujourd’hui pour marquer davantage son rapprochement «personnel» avec le général Gaïd-Salah. Chose qui pousse à s’interroger sur ses visées réelles dans cette phase charnière de la vie politique du pays.
Par ses courtisaneries assumées, cherche-t-il à se placer dans le contexte électoral qui s’annonce, en se présentant comme le nouvel «homme de consensus» qui peut, à la fois être adoubé par l’institution militaire et acceptée par l’opposition et le mouvement populaire ? Si l’objectif paraît légitime, pour n’importe quel homme politique, la méthode qu’adopte Benflis pour y parvenir ne peut rien lui garantir.
R. M.
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