L’armée face au rejet d’une présidence intérimaire issue du Parlement
Par Hani Abdi – La réunion des deux chambres du Parlement pour déclarer la vacance définitive du pouvoir et désigner le Président intérimaire s’annonce d’ores et déjà inutile. Totalement rejeté par les Algériens, sortis massivement pour le septième vendredi de suite, ce mode de désignation du Président intérimaire prévu par la Constitution ne va pas régler la crise en ce sens qu’il permettra à des figures symbolisant le régime Bouteflika d’être aux manettes de la période de transition. Chose totalement refusée par la rue mais aussi par les partis et personnalités de l’opposition.
Même ceux qui soutenaient la proposition du chef de l’état-major de l’ANP d’appliquer l’article 102 de la Constitution demandent aujourd’hui de se limiter à la déclaration de la vacance définitive du pouvoir et de sortir ensuite du cadre strictement constitutionnel pour suivre et répondre à la volonté populaire d’aller vers la rupture totale avec le système.
C’est le cas d’Ali Benflis, président de Talaie El-Hourriyet, qui estime plus que nécessaire d’écarter, comme l’exige la rue, toutes ces figures du système Bouteflika et d’aller vers une courte période de transition n’excédant pas six mois. Benflis, comme d’autres partis, considère inacceptable d’aller vers des élections avec l’actuel gouvernement, avec l’actuel président du Conseil constitutionnel et avec un président intérimaire issu d’une institution illégitime. Pour lui ainsi que pour plusieurs autres partis, il faudra désigner une présidence individuelle ou collégiale qui aura la possibilité de légiférer et de nommer un gouvernement technocrate consensuel.
Pour garantir des élections honnêtes et transparentes, il faudra aussi, comme le veulent les partis de l’opposition, revoir le code électoral et installer une commission nationale indépendante d’organisation et de déclaration des résultats des élections.
Le rejet donc de toute désignation du Président intérimaire à travers le Parlement risque de brouiller les cartes au chef de l’état-major de l’ANP qui croyait avoir trouvé la solution dans le cadre constitutionnel. Ahmed Gaïd-Salah est désormais face à ce rejet d’une présidence intérimaire issue du Parlement.
Autrement dit, même si l’on change Bensalah par un autre sénateur du tiers présidentiel, la crise ne sera pas dépassée.
H. A.
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