Comment l’armée de Mohammed VI imite l’ANP pour prévenir une révolte
Par Houari A. – Le caractère pacifique des marches qui ont conduit à la chute partielle du régime de Bouteflika est une source d’inquiétude pour le Makhzen. Le roi Mohammed VI et ses services de répression ont dû faire preuve de retenue lors de récentes manifestations après que le peuple marocain eut vu la réaction des forces de l’ordre en Algérie qui ont fait corps avec le peuple.
Les forces royales marocaines anticipent un soulèvement populaire dont elles savent qu’elles ne pourront pas le gérer comme les services de sécurité algériens, en raison des natures diamétralement opposées des deux armées.
Saisissant la principale revendication du peuple algérien, la hiérarchie militaire marocaine annonce qu’elle ouvre une instruction judiciaire «sur des faits portant sur des présomptions d’actes de corruption qui auraient entaché les marchés publics». C’est l’état-major général des forces armées royales (FAR) qui a rendu public un communiqué dans ce sens, au moment où les Marocains ne tarissent pas d’éloges, à travers les réseaux sociaux, à l’égard des Algériens qui ont su éviter le piège du «printemps arabe» et qui sont en train de réussir leur révolution sans violence.
L’institution militaire marocaine promet de traduire en justice «l’ensemble des personnes ayant une relation avec cette affaire dont un ancien officier ayant exercé au service de santé militaire», en soulignant que «les investigations seront menées à l’effet d’établir les faits précis se rapportant à cette affaire et ce, conformément aux dispositions réglementaires et judiciaires en vigueur».
Le roi Mohammed VI, qui fait face à la révolte inextinguible des Rifains depuis plusieurs mois, est conscient que les manifestations pacifiques en Algérie finiront par l’atteindre. «Si le président Bouteflika avait accaparé le quart de ce qu’a volé Mohammed VI, les Algériens l’auraient bouffé !», lançait un citoyen marocain qui relève ainsi la gravité du phénomène de la corruption au Maroc.
Ce geste de l’armée marocaine suffira-t-il à calmer la colère étouffée des Marocains qui supportent depuis des décennies le règne d’une famille prédatrice qui a fait main basse sur les richesses de ce pays avec la complicité intéressée de l’ancienne puissance coloniale ? Rien n’est moins sûr.
H. A.
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