Pourquoi Gaïd-Salah évite toute allusion à la situation politique
Par R. Mahmoudi − Très attendu, le discours prononcé par le chef d’état-major de l’ANP, le général Ahmed Gaïd-Salah, lors de la deuxième journée de sa visite dans la 2e Région militaire, n’a, à aucun moment, évoqué la situation politique qui prévaut dans le pays ni contenu une orientation précise. Alors que ce discours coïncide avec un moment crucial de la vie politique nationale, à savoir la réunion des deux Chambres du Parlement au Palais des nations pour acter la vacance du pouvoir et valider la nomination d’Abdelkader Bensalah au poste de chef d’Etat par intérim.
Gaïd-Salah s’est limité à parler des objectifs strictement sécuritaires de l’ANP.
«Afin de réaliser ce noble objectif et conscients de notre rôle en tant que militaires, l’Armée nationale populaire continuera, grâce à Allah Le Tout-Puissant, à consentir davantage d’efforts pour la promotion permanente, le développement soutenu et la mobilisation de ses différentes composantes à l’effet de garantir le droit légitime du peuple algérien de jouir d’une totale quiétude pour le présent et le futur de son pays», rapport un communiqué du ministère de la Défense nationale diffusé sur son site officiel.
Cette occultation préméditée de la crise politique dans le discours de Gaïd-Salah, à un moment d’extrême tension dans le pays, avec un risque de radicalisation de la rue suite au maintien par le pouvoir de l’option préétablie, semble dictée par le souci, tactique, de laisser l’institution militaire à l’écart du débat politique qui se focalise depuis quelques jours sur le rôle de son commandement dans le processus actuel.
Rejetée ou redoutée par les animateurs du mouvement de contestation populaire, l’immixtion de l’institution militaire dans le processus en cours a, en effet, donné du fil à retordre à de nombreux acteurs de l’opposition qui y voient une volonté du même système politique de «caporaliser» l’élan de changement impulsé par la poursuite des manifestations populaires exigeant le départ des symboles du système.
R. M.
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