L’équilibre requis entre légitimité constitutionnelle et légitimité populaire
Par Mohamed El-Ghazi – Les Algériens montent d’un cran sur les réseaux sociaux et menacent. Si les 4B, à savoir Abdelkader Bensalah, Mouad Bouchereb, Tayeb Belaïz et Noureddine Bedoui ne démissionnent pas, ils boycotteront l’élection prévue dans trois mois. Cette publication est sur toutes les pages algériennes, notamment celles qui encouragent le hirak, suivies par des millions d’Algériens. C’est vers le général Gaïd-Salah que les Algériens se tournent et espèrent qu’il exaucera leurs vœux puisqu’il a, à maintes reprises, dit soutenir le mouvement populaire qui a fait chuter l’ex-président Abdelaziz Bouteflika.
Aujourd’hui, il est nécessaire de trouver un moyen de sortir de la crise, avec l’aide de juristes et constitutionnalistes ou bien par le biais d’une solution politique. Le mouvement populaire s’est engagé dans le pacifisme dans toutes ses sorties, présentant les meilleures images qui ont ébloui le monde entier.
Seulement, le pouvoir n’était pas au même niveau que les aspirations des masses. Sans l’intervention de l’armée, qui a appelé à l’application immédiate de la Constitution, le président Bouteflika n’aurait jamais présenté sa démission. Suite à cette dernière, il n’y aura pas de cinquième mandat, ni une prolongation du quatrième, satisfaisant le peuple qui commence à cueillir les fruits de sa lutte avec le soutien de l’armée.
Le slogan le plus cité dans toutes les sorties du vendredi est celui de «Djeïch, chaâb, khawa khawa», représentant une forme de contrat social entre le peuple et son armée et qui signifiait accompagnement du peuple par son armée, non seulement pour garantir la sécurité des marches mais également pour assurer la sécurité de l’avenir du pays. Pour tout cela, le peuple a rendu un vibrant hommage au rôle de l’armée dans la protection du peuple et de sa souveraineté. Seulement, ce peuple qui vit des instants historiques voudrait embrasser tous ses rêves en totalité d’autant que l’armée a promis, de la bouche de son chef, de répondre à toutes ses demandes, sans exception.
Par conséquent, le peuple se tourne vers son armée et, en particulier, vers son commandant, conscient des pressions qu’il subit en ce moment mais rassuré du fait que c’est un homme qui est attaché à la légitimité constitutionnelle pour lui dire que ce sont les peuples qui écrivent leurs constitutions et ce sont les peuples qu’on consulte pour chaque amendement constitutionnel.
Pour les Algériens, il est plus qu’urgent de prêter attention à la légitimité populaire. Cette dernière est clairement démontrée chaque jour et notamment les vendredis depuis plus d’un mois, avec des rues remplies par millions, répétant les mêmes revendications, auxquelles s’est engagé Gaïd-Salah de répondre favorablement.
Que veut le mouvement populaire aujourd’hui ?
Le mouvement populaire ne veut pas enfreindre la Constitution dont l’article 102 appelle à des élections dans un délai de quatre-vingt-dix jours mais exige le départ des 4B parce qu’ils font partie, selon les Algériens, du problème et non pas de la solution. Ils font partie du gang que le commandant de l’armée a cité à plusieurs reprises dans ses dernières déclarations. Comment peuvent-ils être juges ? Qui d’entre eux a été nommé, selon la légitimité constitutionnelle ou populaire ?
Bensaleh a été parachuté par le biais de la liste du RND d’Oran. Belaïz a été installé en violation de la Constitution dans son article 183. Comment peut-il assurer la mise en œuvre de la Constitution et de la loi ? Bedoui est chef d’un gouvernement illégitime, dicté par des forces inconstitutionnelles. Comment pouvons-nous avoir confiance en l’avenir de la démocratie ? Quant à Bouchareb, il a été intronisé au FLN suite à un coup d’Etat, sans être membre du Comité central du parti. Il a ensuite assumé la présidence de la chambre basse en jetant hors de l’hémicycle un moudjahid, de sa génération et qui l’a accompagné pendant la Guerre de libération. Comment peut-il prendre en charge le message des martyrs ?
Le peuple algérien est conscient que seule son armée est capable de le protéger et de protéger le pays car elle est la seule à respecter les lois et la Constitution. L’armée est la seule institution garante de la souveraineté du peuple et qui place les intérêts du pays au-dessus de tout, contrairement à ceux-là qui privilégient leurs intérêts et ceux du gang avant ceux du peuple et de la patrie. Aucun d’entre eux n’a obéi à l’appel de la patrie et n’a osé dire qu’il comprenait le message du peuple et de l’armée et que les intérêts du pays sont plus importants que les intérêts personnels. Ils continuent dans leur allégeance aux ordres de la mafia qui a souillé l’Algérie.
Le peule demande le départ sans condition des 4B et la création d’un organe indépendant chargé d’organiser et de superviser des élections propres, avec l’aide d’avocats, de juges, d’universitaires, intellectuels pour qu’on puisse avoir confiance dans la construction d’un avenir prometteur pour nos enfants.
M. E-.G.
Ndlr : Les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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