Comment les Marocains veulent limiter le pouvoir absolu du roi à l’algérienne
Par Karim B. – Les Marocains suivent de très près ce qui se passe en Algérie et cherchent le moyen d’imposer des changements au Maroc sans recourir à la violence. La solution viendrait de la Constitution, pense la classe politique marocaine. En cause, l’article 47 qui confère à Mohammed VI le droit de désigner le chef du gouvernement. L’article visé stipule que «le roi nomme le chef du gouvernement au sein du parti arrivé en tête des élections des membres de la chambre des représentants et au vu des résultats».
Si les partis politiques mettent des gants dans leur «suggestion» qui n’a pas encore atteint le stade de la revendication, ils auront au moins ouvert la voie à une demande plus large du peuple marocain qui pourrait exiger une révision totale de la Loi fondamentale dans le sens d’une limitation drastique des pouvoirs hégémoniques du Makhzen.
Pour le moment, les partis politiques marocains se soucient surtout d’éviter une crise née de l’application littérale de cet article qui avait provoqué un blocage politique auparavant. Mais «d’autres dispositions reviennent dans le débat sur la réforme de la Constitution», indiquent des médias marocains qui évoquent le cas des droits de l’opposition. La Constitution marocaine «reste très vague», estime-t-on à Rabat où il est également question des articles relatifs à la relation entre le Parlement et l’Exécutif.
La Constitution marocaine confère au roi des pouvoirs illimités, tout en circonscrivant ceux des institutions censées représenter le peuple ou diriger le pays sous l’œil avisé du Palais. Les articles contenus dans celle-ci semblent avoir été «concoctés» de sorte que le contrôle n’échappe pas au Makhzen qui adopte le principe de «diviser pour régner».
Les mouvements de contestation politique qui ont commencé dans le Rif, et qui se sont propagés à l’ensemble du pays pour des raisons sociales, fragilisent chaque jour un peu plus un régime monarchique prédateur qui a fait main basse sur les richesses du Maroc. Depuis les manifestations en Algérie qui ont poussé le président Bouteflika à déposer sa démission, la famille régnante et sa clientèle au Maroc craignent de subir le même sort.
«C’est une question de temps», assurent les Marocains qui ne comptent plus se laisser faire.
K. B.
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