L’Algérie vire El-Bechir
Par R. Mahmoudi – Tous les analystes et spécialistes de la géopolitique s’accordent à dire que ce qui se passe aujourd’hui au Soudan et en Algérie s’inscrit en droite ligne dans le «printemps arabe» qui a commencé en 2011. Ce qui explique les similitudes constatées dans les deux cas : manifestations populaires ininterrompues, démission forcée ou destitution des chefs d’Etat, reprise en main du pouvoir par l’armée.
Cette communauté de destin expliquerait aussi l’influence réciproque qui a pu agir sur les événements dans les deux pays. Par exemple, lorsque la mobilisation des Soudanais commençait à s’essouffler, après plusieurs mois de manifestations quotidiennes et de répression sanglante, le soulèvement algérien «leur a donné de l’espoir et les a poussés à rester devant le QG de l’armée durant les six premiers jours du sit-in», note dans Le Figaro de ce samedi Bastien Renouil, ancien correspondant de Libération, puis de France 24 au Soudan.
Les Soudanais n’auraient jamais eu l’idée de recourir à leur armée s’il n’y avait pas eu cet appel solennel lancé par le chef d’état-major de l’ANP à l’adresse de l’ex-chef d’Etat, Abdelaziz Bouteflika, lui enjoignant de quitter ses fonctions. Même si la tradition des coups d’Etat au Soudan est aussi vieille que l’histoire de ce pays.
La comparaison entre les deux «révolutions» ne s’arrête pas là. Pour un diplomate algérien, cité par Le Figaro, la manière dont les commandements militaires des deux pays sont intervenus diffère mais il y a «des éléments de langage communs».
Dans le même registre, le journal parisien relève deux différences importantes entre les deux pays qui font que les deux soulèvements pourraient ne pas avoir la même issue. Il y a d’abord le caractère pacifique des manifestations en Algérie, qui se déroulent jusqu’ici «sans heurts importants», tandis qu’au Soudan le bilan officiel fait état de 49 morts.
Le deuxième aspect a trait au dynamisme et à l’organisation de la société civile soudanaise, qui contraste avec la «déstructuration» de son homologue algérienne qui «ne parvient pas à s’approprier le mouvement du 22 février», conclut Le Figaro.
R. M.
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