Quel accord secret n’a pas été respecté et a précipité la chute de Bouteflika ?
Par Karim B. – La porte-parole du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, pense que la démission de Bouteflika a été précipitée après qu’un accord n’eut pas été respecté. La passionaria trotskiste n’en a pas dit plus dans son entretien paru dans les colonnes du quotidien arabophone El-Khabar.
Mais il semble bien que Louisa Hanoune sait des choses qu’elle ne veut pas révéler. L’ancienne candidate aux présidentielles, que d’aucuns accusent aujourd’hui d’avoir servi d’alibi au «système» décrié par les millions de citoyens qui battent le pavé depuis le 22 février dernier, est connue pour être bien introduite dans les cercles de décision, au même titre que le président du MSP, Abderrazak Mokri. Elle a dû, de ce fait, être informée de tractations qui ont eu lieu entre l’entourage immédiat du Président démissionnaire et la hiérarchie militaire dont elle affirme qu’elle refuse de la voir prendre le pouvoir sous une forme civile déguisée.
Que s’est-il passé durant les heures qui ont précédé l’annonce inattendue de Bouteflika qui a décidé de rendre les clés du palais d’El-Mouradia au moins deux jours avant la date prévue ? Quelque chose paraît avoir poussé le chef d’état-major de l’ANP à dégainer son fameux «bande de malfrats qui a usurpé la fonction présidentielle», dans une allusion directe au frère de l’ex-président de la République, Saïd Bouteflika. Depuis, ce terme, ‘isâba, est repris en chœur par certains manifestants pour signifier à Ahmed Gaïd-Salah leur soutien dans sa «guerre» qui l’opposait à Bouteflika et à ses soutiens dont, semble-t-il, le général Bachir Tartag qui a fait les frais de sa fidélité à l’institution présidentielle.
La grave accusation distillée par une chaîne de télévision privée qui joue un rôle central dans la propagande pro-Gaïd-Salah est symptomatique de l’impossible conciliation entre deux camps au pouvoir qui devaient se neutraliser pour se maintenir, l’un au détriment de l’autre. La confirmation de Bensalah en tant que président de l’Etat et de Bedoui à la tête de l’Exécutif montre clairement que le pouvoir ne s’est pas effondré avec la chute de Bouteflika.
Louisa Hanoune doit en savoir davantage sur le travail en coulisses qui se trame loin des regards des Algériens, elle qui a toujours navigué à proximité immédiate du régime. Va-t-elle faire l’autruche après avoir servi de lièvre ?
K. B.
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