Bensalah entrave l’application de l’article 7 : entêtement ou démission ?
Par R. Mahmoudi – Le chef de l’Etat aurait déjà commencé, selon plusieurs sources, à adresser des invitations aux partis politiques et organisations de la société civiles, ainsi qu’aux personnalités nationales pour des discussions autour du projet de création d’une «haute instance indépendante d’organisation des présidentielles», prévues le 4 juillet prochain. Ce qui prouve, a priori, que le pouvoir en place maintient le cap sur l’option des élections et, donc, d’une transition dans le cadre constitutionnel.
Le problème qui se pose à Bensalah et à tout le pouvoir, est que la plupart des partis de l’opposition rejettent le principe même d’une élection présidentielle dans la conjoncture actuelle, sans garanties et dont tout le monde sait qu’elle sera massivement boycottée par une population frondeuse.
De Talaie El-Houriyate aux partis islamistes, en passant par le RCD, les partis de l’opposition sont unanimes à décliner l’invitation de Bensalah. Le président du mouvement Ennahdha, Yazid Benaïcha, a clairement annoncé la décision de son parti de ne pas répondre à l’invitation du chef de l’Etat, tandis que le mouvement El-Adala d’Abdallah Djaballah appelle à transcender les institutions politiques actuelles et réclame une intervention de l’armée pour «accompagner le processus de transition». Même ton chez Ali Benflis qui, dans une déclaration dimanche, attend de l’institution militaire «non seulement d’accompagner la transition, mais d’aider à y parvenir». L’ex-chef de gouvernement de Bouteflika a, à la même occasion, affirmé n’avoir reçu aucune invitation officielle du chef de l’Etat. Ce qui, en langage diplomatique, signifie le refus.
Ce qui complique encore la tâche d’Abdelkader Bensalah dans sa mission impossible d’organiser des élections présidentielles dans un tel contexte, c’est la rébellion qu’organisent depuis samedi les magistrats qui, soutenus par les avocats, disent refuser de superviser le prochain scrutin. A cela s’ajoute des déclarations similaires émanant des présidents de certaines APC dirigées par l’opposition, notamment en Kabylie, annonçant leur refus de fournir la moindre assistance administrative ou logistique pendant ces élections.
Devant cette impasse, le chef de l’Etat –et avec lui le gouvernement Bedoui – n’a plus d’autres choix que d’assumer les conséquences du processus électoral en cours, s’il décide de rester loyal à la voie constitutionnelle, en attendant de nouvelles orientations du chef d’état-major de l’ANP, ou de jeter l’éponge pour laisser place à un autre chef d’Etat qui – la Loi fondamentale le permet – pourrait être désigné par voie parlementaire.
R. M.
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