Le copain du frère
Par M. Aït-Amara – Pourquoi les choses ne marchent-elles pas en Algérie ? Difficile de répondre à cette question ? Pas si sûr, lorsqu’on sait sur quelles bases on désigne les responsables aux postes de responsabilité les plus élevés. Le diplôme ? L’expérience ? Le mérite ? L’engagement ? L’honnêteté ? Non.
Pour présider aux destinées d’un secteur donné, il faut être le copain du frère, avoir fait l’université, joué aux cartes ou pris le café avec lui. Il faut crier du matin au soir que son frère est le meilleur, qu’il a raison dans tout ce qu’il entreprend et que tous ceux qui le critiquent sont des envieux, jaloux de lui et de son frère. Il faut jurer par tous les saints et du matin au soir que sans son frère, le pays ne serait pas aussi développé et prospère ; parce qu’en plus de louer le frère, il faut mentir tout le temps pour ne pas fâcher le frère et garder le poste. Il faut faire partie du premier collège de flagorneurs qui devront embrasser le frère les jours d’Aïd et lui souhaiter longue vie.
Il faut verser des larmes de crocodile et se lamenter à haute voix quand un malheur frappe à la porte du frère et porter des lunettes noires pour faire mine de cacher des yeux enflés et rougis par de longs sanglots nocturnes.
Il faut attribuer au frère toutes les œuvres accomplies avant et pendant le mandat mais jamais après, car le frère du successeur se sera empressé d’effacer les traces du frère qui sera devenu la cause de tous les maux du pays pour les copains du frère qui auront été remerciés et remplacés par les copains du frère du nouveau.
M. A.-A.
N. B. : paru le 13 août 2012, mais d’une si brûlante actualité.
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