Jusqu’où ira la guerre entre le chef d’état-major et le général Toufik ?
Par Karim B. – Le chef d’état-major a adressé une sévère mise en garde à l’ancien patron du DRS, le général à la retraite Mohamed Mediene, dit Toufik. Le citant nommément dans son discours prononcé à Ouargla, Ahmed Gaïd-Salah lui a lancé un «dernier avertissement» et l’a accusé d’avoir participé à la réunion du 30 mars dernier à laquelle aurait pris part l’ancien coordinateur des services de sécurité limogé, le général Bachir Tartag, et le frère de l’ancien président, Saïd Bouteflika.
Jusqu’où ira la confrontation entre le chef d’état-major de l’ANP et l’ancien homme fort du système ? La guerre entre les deux hommes a éclaté dès la désignation d’Ahmed Gaïd-Salah en qualité de vice-ministre de la Défense nationale. Ce dernier a alors pris une série de mesures visant à «intimider» le chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) dans le but évident de l’affaiblir et de réduire son influence.
Le général Toufik est tombé en disgrâce en 2013 lorsqu’il a appelé Abdelaziz Bouteflika à se retirer après son accident vasculaire cérébral. L’ancien président s’était alors empressé d’appeler le chef d’état-major de l’ANP à Paris, où il l’avait reçu à l’hôpital du Val-de-Grâce face aux caméras de la télévision publique. Le message du chef de l’Etat malade était directement adressé à un groupe de personnalités qui avaient voulu faire appliquer l’article 88 – soit l’actuel article 102 – stipulant l’empêchement. Ahmed Gaïd-Salah s’y était opposé fermement et avait pesé de tout son poids pour imposer le quatrième mandat de Bouteflika en dépit de son lourd handicap.
Dans son discours, le chef d’état-major a joint à sa menace proférée contre le général Toufik un appel à la justice pour qu’elle accélère le traitement des dossiers de corruption, en pointant du doigt des hommes d’affaires qui ont saigné le Trésor public à travers des crédits de complaisance qui se chiffrent à plusieurs milliers de milliards de dinars.
Ahmed Gaïd-Salah ne semble pas faire un lien direct entre les deux affaires, mais il faut rappeler que c’est le général Toufik qui a, le premier, alerté l’ex-président de la République sur de graves détournements dans le secteur pétrolier, mettant en cause directement l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil. Le général Toufik était dans le collimateur du cercle présidentiel après qu’il eut actionné la justice pour faire juger l’homme de confiance du Président sans en aviser ce dernier.
Ahmed Gaïd-Salah ouvre plusieurs fronts à la fois dans l’espoir de calmer la rue qui réclame des changements rapides et qui commence à redouter des tentatives de contournement de la volonté populaire. La réponse de Gaïd-Salah est claire lorsqu’il affirme que le temps presse et que la situation est complexe. Ce qui confirme la démission imminente de Bedoui et de Bensalah, après celle de Belaïz.
Nous y reviendrons.
K. B.
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