Le régime dictatorial d’Ankara donne des leçons de démocratie aux Algériens
Par R. Mahmoudi – Après avoir observé un silence total sur les événements qui se déroulent en Algérie, le régime d’Ankara a rompu sa neutralité lundi, à travers une première déclaration du conseiller personnel du président Recep Tayyip Erdogan, Yasin Aktay.
Dans une interview à la chaîne qatarie Al-Jazeera, ce conseiller estime que son pays «ne voudrait pas que les révolutions algérienne et soudanaise atteignent un stade où elles risquent d’être confisquées, comme ce fut le cas en Egypte il y a six ans». Et de poursuivre sur un ton paternaliste : «Les peuples ont le droit de se révolter, car lorsqu’ils protestent ou constatent que leurs gouvernements ne les représentent pas, ils demandent un changement de régime. Cela est un droit légitime !», tonne-t-il.
Sur sa lancée, le porte-voix de l’autocrate turc apporte son soutien au mouvement populaire dans les deux pays et espère qu’il se poursuivra «sans entraîner de nouveaux coups d’Etat militaires. Car les coups d’Etat n’apportent pas de bonnes choses, au contraire, ils apportent la désolation, l’arbitraire et la terreur, comme cela s’est passé en Egypte, en Libye et au Yémen, où les révolutions ont été confisquées».
Tournant autour du même point, le conseiller d’Erdogan, parlant évidemment au nom de son président ou de son gouvernement, conclura en disant : «Nous espérons que les peuples algérien et soudanais seront vigilants pour éviter que leur destin ne leur soit pas volé et que leurs sacrifices pour le changement des régimes corrompus et le retour du pouvoir au peuple ne soient pas vains». Il espère enfin que les deux peuples parviendront à «former des gouvernements civils» afin de pouvoir faire face aux défis auxquels est confrontée la région.
Le régime islamiste d’Ankara est décrié par les Turcs qui vivent sous une chape de plomb imposée par le nouveau sultan depuis la tentative de putsch avortée, suite à laquelle 200 000 fonctionnaires, 60 000 opposants et des dizaines de journalistes ont été emprisonnés et continuent de croupir dans les geôles du dictateur à ce jour.
R. M.
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