Le responsable du chaos syrien commence à s’intéresser à l’Algérie
Par R. Mahmoudi – Après avoir observé un silence total sur la situation en Algérie, évitant ainsi le moindre commentaire officiel, le petit émirat gazier semble avoir trouvé la brèche par laquelle il peut engager le débat sur ce «printemps algérien» qui suscite une immense curiosité.
Comme première initiative, le think tank financé par le régime de Doha, le Centre arabe de recherche et d’études politiques, a organisé, samedi, dans la capitale qatarie une conférence dédiée à l’Algérie et intitulée «Perspectives du mouvement de contestation et avenir de la transition démocratique en Algérie».
De nombreux académiciens et activistes algériens ont été conviés à cette rencontre, qui en appellera certainement d’autres. Le premier cycle de conférences a été consacré à la «dynamique du mouvement de contestation en Algérie». Abordant le contexte historique du mouvement populaire en Algérie, Nacereddine Saidouni, universitaire en histoire moderne et contemporaine, a expliqué que «la révolution algérienne n’était pas une affaire d’élite et n’avait pas d’idéologie élitiste ; elle émane de la volonté populaire dépassant ces élites», soulignant que «le type d’intellectuels capables de changer la société et de comprendre la conscience de la nation et de l’exprimer, tout en acceptant de se sacrifier pour elle, est si rare en Algérie».
Le conférencier a ajouté que «l’élite algérienne traverse une crise historique majeure. C’est une élite recyclable, fragile, isolée et incapable de faire son autocritique». Pour lui, les contestations «ont dépassé l’action politique partisane et les visions idéologiques étroites sur laquelle repose le régime» et ont pris la forme d’«un consensus national qui interpelle la conscience collective des Algériens et transcende les cadres traditionnels tels que le leadership et autres», a-t-il déclaré.
Autre invité du forum, l’universitaire pro-isalmiste Faouzi Oussedik souligne que «le conflit actuel est, en grande partie, un conflit juridique et constitutionnel», expliquant que «du point de vue structurel, ce qui se passe est un mouvement populaire à plusieurs égards, car il constitue un aboutissement du projet national qui a débuté avec la révolution algérienne». Ce constitutionnaliste appelle à «trouver des solutions politiques de nature constitutionnelle et non des solutions constitutionnelles à effet politique».
D’autres intervenants ont mis en exergue la position «globalement neutre» de la France et de l’Union européenne par rapport à la crise algérienne, et le soutien traditionnel dont jouit l’Algérie auprès des puissances comme la Chine et la Russie.
Dernier à intervenir, le journaliste sportif algérien établi au Qatar, Hafid Derradji, s’est dit «fier» du mouvement de contestation en Algérie, notant que «la prise de conscience du peuple est un grand acquis, dans un sens où, désormais, celui qui aspirerait à occuper un poste en Algérie devrait réfléchir bien avant de s’y engager».
Pour rappel, dans ses commentaires enflammés sur les réseaux sociaux, le transfuge de l’ENTV dénonce l’interventionnisme des Emirats arabes unis et de l’Arabie Saoudite mais jamais du Qatar.
R. M.
Comment (45)