Pourquoi il faut se méfier des propos de Patrick Poivre d’Arvor sur l’Algérie
Par Kamel M. – Des confrères ont repris les propos du journaliste français Patrick Poivre d’Arvor non sans fierté, suscitant de nombreuses réactions des lecteurs et des internautes algériens sur ce qu’ils considèrent être un éloge à l’égard du peuple algérien.
Mais faut-il vraiment se réjouir de l’analyse faite par l’ancien présentateur vedette du JT de TF1 ? Des observateurs se sont interrogés sur le choix d’une chaîne israélienne pro-sioniste pour évoquer la crise algérienne en se positionnant subrepticement en faveur des manifestations et, donc, contre le «régime en place». «Derrière la glorification du peuple algérien, il y a comme un non-dit», estime une source informée. «C’est une opération qui vise à attirer des téléspectateurs algériens qui, par un effet de buzz, s’y intéressent désormais», explique notre source.
L’interview de Patrick Poivre d’Arvor a surtout tourné autour d’Israël que le journaliste affirme avoir visité plusieurs fois dans le cadre de son travail. Le présentateur d’i24 n’a d’ailleurs pas manqué de mettre en avant ce qu’il considère être une aberration, à savoir qu’il n’existe pas de «vol direct entre Paris et Jérusalem». Une façon de dire qu’Al-Qods reviendrait de droit à l’Etat hébreu et qu’elle devrait, donc, en être la capitale.
La question des manifestations en Algérie a été effleurée, mais son évocation sur cette chaîne précisément, qui a déjà eu à commenter l’actualité algérienne par le passé, dit être «scrutée» à la loupe. En juillet 2018, i24 revenait sur la fête de l’indépendance en Algérie en remémorant les massacres d’Oran. La chaîne, dirigée par Frank Melloul, ancien conseiller de Dominique de Villepin à Matignon, retraçait, selon sa propre vision des faits et de façon orientée, les heures qui ont suivi l’annonce de la fin de la guerre à Oran, en parlant de «carnages» dont auraient été victimes les pieds-noirs à Oran et en occultant les crimes commis contre les Algériens.
«Pendant les six heures que la tuerie va durer (…), haches, couteaux, pistolets, pierres sortent des poches et des sacs. On tire, on lapide, on égorge. En quelques minutes, des dizaines de morts. Les cris des mourants sont couverts par ceux des assaillants», affirmait cette chaîne dont le siège se trouve à Tel-Aviv.
C’est dans cette même logique de stigmatisation et sur cette même chaîne que le journaliste xénophobe Eric Zemmour lançait une alerte au sujet d’une «guerre civile imminente» en France, en reprochant à l’Etat français d’être «dur contre les Gilets jaunes et mou contre les banlieues», en réponse à une question sur la mobilisation de l’armée pour intervenir lors des manifestations houleuses organisées à travers de nombreuses villes françaises tous les samedis et qui se soldent par des heurts, des saccages et des pillages.
Eric Zemmour incitait clairement à une intervention musclée contre la communauté musulmane concentrée dans les banlieues françaises, abandonnées et déshéritées, et brandissait le spectre de la guerre civile pour exacerber le sentiment de haine envers les Maghrébins et les Algériens tout particulièrement.
K. M.
Comment (37)