Comment les Italiens ont commenté le limogeage du PDG de Sonatrach
De Rome, Mourad Rouighi – Réagissant à l’intense actualité dans le Sud de la Méditerranée, les médias spécialisés italiens dressent, en ce début de mai, une sorte d’esquisse de premier bilan et un état des lieux des principales sources d’approvisionnement énergétique du pays et des perspectives à moyen et long termes du marché mondial, partant du fait acquis que toute politique de diversification exige des constantes et quelques partenaires «à toute épreuve».
A cet effet, l’ancien ministre Alberto Clo a publié dans la revue Rivista Energia un long dossier intitulé «Nos deux principaux partenaires en Afrique : Libye et Algérie», deux pays reliés à l’Italie par deux gazoducs. D’un côté, le Transmed et, de l’autre, le Greenstream. L’ancien membre du gouvernement italien et néanmoins économiste souligne que la détérioration de la situation sécuritaire en Libye «signifie» beaucoup en termes d’incertitude pour l’Italie et «peut impacter sérieusement ce secteur puisqu’elle met à risque pas moins de 15% de la production globale du groupe national ENI».
D’où l’impératif plus qu’urgent, selon cet éminent expert, d’orienter «de manière résolue» tous les efforts en direction de l’autre partenaire principal, l’Algérie, «un pays qui est en train de démentir toutes les prévisions catastrophistes de certains observateurs» et qui est appelé, selon Alberto Clo, à «traverser son actuelle crise politique grâce au sens civique de ses citoyens et à la solidité de ses institutions».
Cette étude, riche et détaillée, a été reprise par de nombreux médias italiens, remettant ainsi en perspective l’alliance traditionnelle entre les deux pays et cette synergie que ni les violences des années 1990 en Algérie, encore moins les récents soubresauts politiques ont paru inquiéter.
Bien au contraire, la récente nomination de Rachid Hachichi, indique cette même étude, au poste de PDG de Sonatrach, a été favorablement accueillie en Italie, car jugée en phase avec les échéances à venir. Un «cadre de la boîte» et un «pur produit du groupe national», au fait de tous les dossiers et un choix participant, selon les experts italiens, de la «volonté du groupe algérien d’inscrire la dynamique de son action sous le signe de la continuité et du renforcement de ses choix stratégiques et de ses orientations industrielles avec ses principaux partenaires, à un moment clé où se décident alliances, stratégies et axes préférentiels».
C’est, du reste, le sens donné à la première et récente rencontre entre l’administrateur délégué d’ENI, Claudio Descalzi, et le successeur d’Abdelmoumène Ould-Kaddour au terme de laquelle un mémorandum a été signé, les deux dirigeants ayant convenu de renouveler dans les plus brefs délais les contrats de fourniture de gaz arrivant à expiration et les accords ayant trait au transport à travers le Transmed. Par ailleurs, et s’exprimant à la Radio officielle du patronat, Radio 24, le vice-Premier ministre Luigi Di Maio a rassuré l’opinion publique quant à l’approvisionnement énergétique de son pays, au vu des récents événements en Libye, en mettant en avant le «sérieux et la fiabilité d’autres partenaires sur lesquels nous pourrons toujours compter».
M. R.
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