Que signifie la réouverture du bureau de la chaîne qatarie Al-Jazeera à Alger ?
Par R. Mahmoudi – Selon des sources concordantes, relayées par des journalistes algériens, la chaîne qatarie Al-Jazeera s’apprêterait à rouvrir son bureau à Alger. L’information n’est pas confirmée par la direction de cette chaîne, ni par aucune autorité algérienne compétente, ce qui laisse croire que les démarches pour obtenir l’autorisation nécessaire pour la réouverture de ce bureau n’auraient pas encore abouti.
Que signifierait la réapparition aujourd’hui d’une chaîne de propagande proscrite en Algérie depuis plus de vingt ans : un signe d’ouverture de la part des nouvelles autorités politiques, qui chercheraient, par-là, à prouver qu’elles ne sont pas dans le schéma de la «contre-révolution» dont elles sont souvent soupçonnées par les médias inféodés au régime de Doha et à l’Internationale des Frères musulmans ou alors le reflet d’une alliance tactique avec ce conglomérat qui s’oppose, entre autres, à l’offensive militaire du maréchal Haftar en Libye ?
Cela dit, quelles que soient les raisons pouvant expliquer ou justifier le retour d’Al-Jazeera en Algérie, une telle décision, si elle se confirmait, reste intrigante car elle ne peut être que porteuse de risques évidents pour la stabilité du pays, à l’heure où le soulèvement populaire contre le système politique arrive à une phase cruciale et le processus de changement est encore si fragile, pour ne pas dire incertain.
Avec ses capacités éprouvées en matière d’intoxication et de manipulation des masses, cette chaîne, créée en 1995 par la famille régnante de l’émirat du Qatar pour concurrencer la chaîne MBC, dirigée par les Al-Saoud, s’est illustrée à ses débuts par son travail de propagande soutenu en faveur de la mouvance islamiste et d’Al-Qaïda, dont elle était devenue le porte-voix attiré. C’est ainsi qu’elle servit de tribune, durant des années, à tous les dirigeants islamistes algériens pour dénigrer l’Etat algérien et son armée dans leur lutte contre le terrorisme.
Cette chaîne s’est ensuite investie dans les soulèvements du «printemps arabe» de 2011 pour accompagner la montée des mouvements fondamentalistes dans nombre de pays de la région.
R. M.
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