Contribution du Dr Arab Kennouche – Pour une débouteflikisation rapide
Par Dr Arab Kennouche – Il est bien connu que dans l’art chirurgical, lorsque l’on opère un malade, il faut refermer la plaie le plus vite possible afin d’éviter que les microbes ne s’infiltrent et ne pénètrent ce corps définitivement. Or, la saga du 5e mandat a laissé une plaie béante dans le corps de la nation algérienne et, depuis la démission de l’ex-président Bouteflika, l’on a attendu trop longtemps si bien qu’aujourd’hui, nous commençons à apercevoir des signes inquiétants de pourrissement, pour ne pas dire d’infiltration microbienne qui en dit long sur les accointances de l’ancienne présidence avec les plus vils ennemis de l’Algérie.
Si Abdelaziz Bouteflika avait un tant soit peu représenté une période faste et grandiose de l’histoire nationale, car on ne fuit pas devant le succès, nous n’aurions pas connu une telle avalanche de dénonciations, de démissions, de délation et de tentatives de rechercher une protection ou un sauve-conduit vers l’étranger. Mais il faut déterminer les responsabilités politiques et militaires qui ont conduit à une telle situation où, à cause d’un système, l’Algérie se retrouve sans Président.
Jamais Cosa Nostra ou une quelconque autre organisation mafieuse n’est parvenue à un tel niveau de corruption institutionnalisée. Ce que la mafia italienne a rêvé de faire dans la péninsule, sans y parvenir, car la République italienne reste une démocratie, les dernières élections le prouvent largement avec la montée d’une force populiste, le clan présidentiel a pu le réaliser en quelque vingt années. Bouteflika a érigé un système politique informel au-dessus de l’Etat algérien.
Jamais, au grand jamais, avons-nous entendu une dénonciation de la violation de la Constitution lorsque cette organisation mafieuse au pouvoir avait pourtant violé allègrement une disposition intangible de la Constitution de 1996, l’article 212.8, interdisant à tout président de la République de changer l’article 88 sur la limitation des mandats à deux fois cinq années. C’est à ce titre que l’Algérie s’est progressivement laissé glisser dans le règne du système Bouteflika.
Les grands chefs mafieux italiens pourraient rêver d’un tel scénario et s’y essayer pendant des siècles qu’ils n’y parviendraient pas. Le mal est donc bien plus grave que celui d’une transition politique, il faut couper les branches pourries.
Lorsqu’il y a collusion du crime organisé, de l’informel avec des autorités politiques et administratives, il y a mafia. Il ne s’agit donc pas d’envisager la question de la crise algérienne actuelle comme un problème de restructuration démocratique, de réadaptation générationnelle, de crise de régime politique non adapté à un contexte historique spécifique. Il faut purger le mal en écartant sine die tous les grands responsables qui ont conduit à une telle situation. Parler de transition sans prévoir un attirail de mesures radicales de la part des plus hautes institutions de l’Etat, visant à éliminer une menace profondément installée au cœur de l’Etat, reviendrait à cautériser au mauvais endroit de la plaie.
Il faut purger l’Etat de tous les éléments pernicieux qui, installés depuis des années, posent désormais un grave problème de souveraineté nationale.
A. K.
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