L’éditorial violent de la revue de l’armée était-il une réponse à Saïd Sadi ?
Par Saïd N. – Le dernier numéro de l’organe central de l’ANP, El-Djeich, a consacré deux articles accablants pour s’attaquer à des leaders de l’opposition, sans les nommer, mais qui sont faciles à deviner, en les accusant, entre autres, de «tramer des complots contre la patrie, faire perdurer la crise que traverse le pays, en rejetant les solutions disponibles et possibles (…) et projettent de les exécuter à tous les échelons, dans le but d’entraîner le pays vers l’anarchie et le chaos».
Venant d’un organe central de l’institution militaire, les accusations qui y sont formulées sont d’une telle gravité qu’il est difficile de les imaginer sans suite. Prise dans le prolongement des interpellations et arrestations en cascade qui ciblent des responsables de tous les horizons et à tous les niveaux, cette campagne médiatique peut prendre une autre forme, plus directe, voire se traduire en cabales judiciaires.
La revue El-Djeich a également accusé les mêmes personnes d’«avoir intentionnellement causé cette crise et tentent aujourd’hui d’infiltrer les marches, brandissant des slogans suspects et tendancieux qui incitent à entraver toutes les initiatives constructives permettant le dénouement de la crise», ajoutant qu’«ils sont l’ennemi du peuple».
«Poignée de comploteurs», «exécutants de plans machiavéliques», «vils complots contre la patrie des chouhada» : les accusations égrenées par El-Djeich ne sont pas loin de celles portées contre les trois hauts responsables qui croupissent depuis quelques jours dans la prison militaire de Blida.
Si la revue El-Djeich s’en prend globalement aux animateurs politiques qui tentent de s’arrimer au mouvement de contestation populaire, un autre article paru dans le même numéro renseigne davantage sur le type d’opposants visés par cette tirade. En faisant le recoupement entre la critique ciblant, dans l’éditorial, les voix qui s’attaquent à l’état-major de l’ANP, par l’entremise de «lettres ouvertes», de «débats» et d’«opinions» et celle contenue dans le commentaire de la revue, prenant à partie «les mêmes voix qui avaient sollicité l’intervention de l’armée dans le champ politique durant les précédentes décennies qui tentent aujourd’hui, sournoisement, de l’entraîner sur cette voie en cette étape cruciale», on comprend très vite que la revue s’attaque spécifiquement à l’ex-président du RCD, Saïd Sadi.
Ce dernier s’est, en effet, distingué, depuis quelques semaines, par une série de contributions plus virulentes les unes que les autres dont une «lettre ouverte au général Gaïd-Salah», à travers laquelle il demandait au chef d’état-major de quitter ses fonctions et accusait le commandement de l’ANP d’entraver la mise en place d’une transition politique sérieuse.
S. N.
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