Les quatre raisons du succès du hirak en Algérie selon un média américain
Par R. Mahmoudi – Analysant les récents mouvements de contestation dans les pays africains, dont l’Algérie, le magazine américain spécialisé dans les relations internationales Foreign Affairs décèle quatre facteurs ayant aidé au succès de ces expériences, en se focalisant sur les cas du Soudan et de l’Algérie.
Les quatre avantages cités par l’auteur de l’article sont : une mobilité des mouvements de masse, participation active des femmes, l’appui actif ou tacite des services de sécurité ou des forces armées et, enfin, l’adhésion de la région.
Dans son analyse, l’auteur explique : «Pour que les mouvements nationaux réussissent, ils doivent susciter une participation de masse qui transcende les frontières régionales, générationnelles, de classe, ethniques et religieuses. La résistance civile africaine a longtemps fait appel au pouvoir de leadership et de coordination d’associations professionnelles, de syndicats et d’autres institutions, tels que les églises, pour communiquer les principes d’un mouvement à un large éventail de participants. Lors du récent soulèvement en Algérie, un journaliste et un membre de l’association des éditeurs de livres ont imprimé «18 commandements» à suivre par les manifestants afin que la résistance reste non violente et efficace (…)»
Autre facteur relevé : la participation des jeunes dans ces mouvements de contestation. «Au cours de la dernière décennie, la mobilisation a réussi lorsque les activistes ont transcendé leur identité. Avec 62% de la population africaine âgée de moins de 25 ans, des coalitions fructueuses ont mis l’accent sur la mobilisation du soutien des jeunes, comme dans le mouvement sénégalais Y en a marre (2011) et Balai Citoyen (Burkina Faso, 2013). En Algérie, les jeunes ont envahi les rues pour protester contre le chômage mais également leurs parents et leurs grands-parents, qui souhaitent un avenir meilleur pour leurs enfants.»
Ces succès ont été étayés par le rôle de premier plan joué par les femmes dans l’organisation, la direction et la participation à des activités de «résistance». «Des images emblématiques du Soudan et de l’Algérie ont représenté des jeunes femmes dansant et récitant de la poésie, appelant les manifestants à célébrer et à s’unir face à la dictature (…)», souligne l’auteur de l’analyse.
Dernier élément-clé dans la réussite de ces mouvements : l’attitude pacifiste des forces de sécurité dans les pays étudiés. «Les manifestations, quelles que soient leur taille et leur caractère inclusif, ont souvent du mal à susciter un changement immédiat, à moins que les élites économiques, les bureaucrates civils et les forces de sécurité ne cessent de protéger le statu quo. Par exemple, les forces de sécurité pourraient signaler la non-coopération avec le régime en jetant les armes, en refusant de se présenter au devoir, en ignorant l’ordre de tirer sur les manifestants, voire en défendant les manifestants contre la répression», allusion à l’appel du chef d’état-major de l’ANP dans un de ses discours.
Foreign Affairs poursuit : «Les manifestants ont souvent besoin de l’aide des forces de sécurité mais les forces militaires risquent toujours de détourner les soulèvements populaires pour s’emparer du pouvoir. Au Soudan, l’opposition a contré cette menace, en poursuivant les manifestations massives et les débrayages, même après la démission de Bachir et en annonçant rapidement son intention de mettre en place un conseil de direction de la transition civile. Les manifestants algériens ont exercé des pressions analogues sur leurs dirigeants de transition et se sont tournés vers la corruption perçue dans le cercle restreint des élites de Bouteflika, en attendant des détails sur les plans de transition civile».
R. M.
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