Un analyste tunisien : «Le hirak algérien est une question de vie ou de mort»
Par Lina S. – Dans une étude intitulée «Hirak en Algérie : entre réalité et manipulations», le chercheur tunisien Mehdi Taje estime que «les événements en cours en Algérie, inédits du fait de leur ampleur, sont appelés à dessiner les contours de l’Algérie de demain et à reconfigurer les scènes maghrébine, méditerranéenne et sahélienne».
Pour le directeur du département des études stratégiques et prospectives à l’Institut tunisien des études stratégiques, ce qui se passe en Algérie «révèle une véritable rupture dans le cours de l’histoire de l’Algérie et de la région». «Nul doute qu’il y aura un avant et un après-22 février 2019», écrit Mehdi Taje qui fait aussi partie du cabinet du Premier ministre tunisien.
«Les contours de cet après s’esquissent progressivement sous nos yeux avec leur part d’ombre et de lumière, de réalité et de manipulation, de jeu complexe des acteurs internes et externes, etc.», souligne le chercheur, estimant que «la forte volatilité et l’incertitude croissante déroutent analystes et stratèges, y compris les plus aguerris».
Pour le conseiller de Youssef Chahed, l’Algérie n’échappe pas au «contexte géostratégique en effervescence» et au «retour des logiques de puissance». «Ce monde en transition, écrit-il, est marqué par une instabilité et une imprévisibilité accrues, générant des risques de conflits et d’escalade élevés». Il explique que l’Algérie se retrouve au cœur de cette «lutte de puissance» sur une «ligne de friction» entre «plusieurs pôles».
L’auteur de l’étude met en garde contre une «déstabilisation de l’Algérie» qui «ne peut être ignorée par les autorités tunisiennes». «La stabilité de la Tunisie et la pérennité du processus démocratique sont étroitement corrélés à la stabilité de l’Algérie», relève ce diplômé de la Sorbonne pour qui «les événements en Algérie représentent une question de vie ou de mort, non pas seulement pour le peuple algérien frère mais pour le peuple tunisien, et la Tunisie plus globalement».
L. S.
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