L’Algérie du 22 février ne saurait accepter les élections du 4 juillet
Par Youcef Benzatat – Les éditorialistes de la revue El-Djeich et du quotidien El-Moudjahid ainsi que le chef d’état-major de l’ANP sont catégoriques, dans chacune de leurs sorties médiatiques leur sentence est sans appel : toute entrave à la présidentielle du 4 juillet 2019 relève du complot contre la patrie et sera punie par la justice. Vaine résistance d’un système de pouvoir bousculé jusque dans ses fondements sous la déferlante d’un peuple qui a dressé la nuque face à la peur et détourné les complaintes de son impuissance face au fait accompli du mensonge routinier vers une volonté de libération inaliénable et irréversible.
Vouloir punir un peuple qui réclame sa souveraineté et rejette la mascarade de la démocratie de façade et ses élections truquées relève de l’insensé. Alors que le bon sens voudrait que ce soit la parole du peuple qui vaudrait l’essence des fondements de la patrie, et quiconque y dérogerait entraverait sa marche vers son salut et l’accomplissement de son destin par la propre volonté de son peuple souverain.
Contraindre un peuple à voter lorsque celui-ci rejette le mode d’organisation du scrutin relève de la fuite en avant, à défaut de pouvoir détourner sa volonté de libération de vouloir prendre les devants. Toute menace, intimidation, manipulation ou désinformation, de toute part qu’elles viennent, ne saurait dévier la trajectoire d’un peuple qui a retrouvé son unité et renoué avec la dignité et le désir immense de vouloir recouvrer sa liberté.
Toute contrainte opposée à la volonté de ce peuple relève de l’ignorance du sens profond du concept de Révolution. Ce même concept qui a façonné la conscience collective et permis au peuple de mener triomphalement le combat libérateur contre le colonialisme. Par révolution, les peuples qui ont été privés de leur souveraineté, de leur dignité et de leur liberté entendent généralement la volonté de réaliser le passage d’un ordre ancien, qui est révolu, à un ordre nouveau qui doit advenir. Le peuple algérien se trouve justement en ce moment, après l’échec d’une expérience d’un demi-siècle d’indépendance, à un tournant majeur de son histoire où l’ordre ancien est devenu obsolète et doit laisser la place à un ordre nouveau qui correspond à ses besoins, à ses attentes, à ses ambitions et à ses rêves et désirs.
Plus qu’une ignorance, une aliénation qui rend sourd et aveugle devant la nécessité de compréhension de cet impératif révolutionnaire. Car on ne peut aider et accompagner le peuple à se défaire de l’ordre auquel on appartient, ce même ordre qui a façonné son propre mode de penser et d’agir.
Si on veut réellement briser cette fatalité et vouloir s’inscrire dans l’histoire comme de véritables sauveurs de la nation, comme cela a déjà été fait une première fois, en l’arrachant des griffes du colonisateur pendant la glorieuse Révolution, il est temps de se mettre définitivement du côté de la volonté du peuple et de l’histoire et de se détourner des errements et des hésitations matérialisées en des menaces et intimidations. Au lieu de cela, il serait plus censé de mesurer l’importance du rôle que l’on peut jouer dans le dénouement de la crise que traverse notre nation, en annulant les élections du 4 juillet pour accompagner le peuple à la réappropriation de sa souveraineté intégralement, pour que vive le peuple libre et souverain parmi les peuples libres des grandes nations et pour que vive l’Algérie éternelle dans le respect et la considération.
Y. B.
Ndlr : Les opinions exprimées dans cette tribune ouverte aux lecteurs visent à susciter un débat. Elles n’engagent que l’auteur et ne correspondent pas nécessairement à la ligne éditoriale d’Algeriepatriotique.
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