Le hirak pacifique algérien et la règle des 3,5% selon les Britanniques
Par Kamel M. – Selon une étude sur les différents mouvements populaires à travers de nombreux pays, dont l’Algérie, le nouveau concept de la révolution non violente doit répondre à un certain nombre de critères pour «réussir» à renverser le régime. Un de ces critères consiste à réunir 3,5% de la population autour d’une action dans ce sens pour que le «succès» soit «inévitable».
Selon l’étude rapportée par la chaîne britannique BBC, «il n’y a pas eu de mouvements qui auraient échoué après avoir atteint 3,5% de participation». Les auteurs de l’étude, qui admettent avoir eux-mêmes été étonnés par les statistiques auxquelles ils sont parvenus, expliquent néanmoins qu’une des raisons les plus «évidentes» qui font que les «révolutions pacifiques» rassemblent un grand nombre de manifestants réside dans le fait que les manifestations violentes «excluent nécessairement les personnes qui craignent les effusions de sang».
L’étude précise, par ailleurs, que les manifestations non violentes ne nécessitent pas une condition physique pour y prendre part et ne limitent donc pas le nombre de participants. «Vous n’avez pas besoin d’être en forme et en bonne santé pour participer à une grève, alors que les manifestations violentes ont tendance à s’appuyer sur le soutien de jeunes hommes en bonne forme physique.» Autre argument en faveur de cette nouvelle tendance : la disposition à la persuasion, d’où le nombre élevé de citoyens qui veulent adhérer à la démarche, alors qu’une approche violente nécessite une logistique lourde et une action clandestine.
«En mobilisant un large soutien au sein de la population, les manifestations non violentes ont également plus de chances de gagner le soutien de la police et de l’armée», souligne l’étude qui note que la présence de femmes et d’enfants parmi les manifestants rend toute répression impossible car les membres des forces de l’ordre craindraient que des membres de leur famille ou des amis se trouvent parmi les protestataires.
En Algérie, 3,5% de la population représentent 1 400 000 citoyens qui, chacun, peut mobiliser plusieurs dizaines à travers les réseaux sociaux, d’où le nombre impressionnant – 20 millions, selon des statistiques non officielles – de manifestants dès le premier vendredi du hirak.
L’étude britannique démontre qu’une manifestation, qu’elle soit violente ou non violente, n’est en aucun cas spontanée, quand bien même les revendications sont légitimes et le véritable facteur déclencheur demeure la persistance des régimes à vouloir imposer leur diktat, lui aussi sous une forme en apparence non violente.
K. M.
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