Affaire Toufik-Tartag-Saïd : trois leaders islamistes dans le viseur de la justice
Par R. Mahmoudi – Noyés jusqu’au cou dans toutes les combines politiciennes échaudées par le régime de Bouteflika pour se maintenir, les différents partis de la mouvance islamiste sentent qu’ils seront tôt ou tard rattrapés par les enquêtes et les poursuites tous azimuts qui visent à déterminer les responsabilités dans le fameux complot contre l’autorité de l’Etat et de l’armée.
La polémique a commencé par une déclaration-confession du chef du MSP, Abderrazak Mokri, laissant dire qu’avant de partir à la rencontre de Saïd Bouteflika, quelques semaines avant le début des événements, il avait pris le soin de consulter son alter égo, Abdallah Djaballah. Histoire de dire que sa rencontre n’était pas si secrète que certaines mauvaises langues laissaient croire. Mais le porte-parole du parti de Djaballah, Lakhdar Benkhellaf, a très vite démenti les propos de Mokri, affirmant que la rencontre entre les deux leaders islamistes a eu lieu après l’entrevue entre Mokri et Saïd Bouteflika. Ce qui change tout.
Le MSP riposte, ensuite, en évoquant le lourd passé du bras droit de Djaballah, le député Hacène Aribi, avec l’ex-DRS et son chef, le général Toufik. Ce qui suppose que les différents partis créés par Abdallah Djaballah depuis 1989 (Mouvements Ennahda, El-Islah et, enfin, El-Adala), et systématiquement agréés par l’Etat, ont toujours activé sous la houlette du puissant chef des renseignements et que, de ce fait, ses dirigeants ne pouvaient être à l’écart des grandes manœuvres qui ont accompagné la chute de l’ancien pouvoir.
Prenant la défense de son chef dont il se fait le porte-parole, Hacène Aribi jure, dans un long commentaire posté ce mercredi sur son compte Facebook, que Djaballah a toujours refusé de rencontrer le général Toufik. Mais, en même temps, Aribi avoue par la même occasion qu’il a bien connu l’ex-patron du DRS et qu’il a servi de «médiateur» auprès de lui. On se souvient qu’à une certaine époque, Aribi se vantait même d’être un «confident» du généralissime.
Le plus curieux chez ces islamistes est que, parallèlement à leurs grenouillages tous azimuts, ils se permettaient de tisser des relations encore plus suspectes avec des organismes étrangers, affiliés pour la plupart à l’Internationale des Frères musulmans, aujourd’hui basée à Istanbul. Leurs déplacements fréquents, qu’ils annonçaient eux-mêmes dans les médias, n’ont jamais inquiété les autorités algériennes.
Il est peut-être temps de leur demander aujourd’hui des comptes !
R. M.
Comment (24)